mardi, mai 7

Assis dans le couloir, l’homme attend son tour à l’unité des maladies infectieuses et tropicales (UMIT) du centre hospitalier de Cayenne. Patrick, fonctionnaire métropolitain de 60 ans qui souhaite rester anonyme, se remet à peine d’une dengue hémorragique. Il évoque « une grosse fatigue au début, une fièvre de 38,5 degrés qui ne descend pas, plus de sensation de faim ni de soif ». Trois jours après les premiers symptômes, victime d’une « grosse déshydratation », il se rend à l’hôpital. « J’ai attendu longtemps aux urgences, mais la prise en charge à l’UMIT a été impeccable, raconte cet habitant la périphérie de Cayenne. Treize jours après le début de la maladie, un vaisseau a éclaté dans mon œil droit, je ne vois quasiment plus rien, ils m’ont dit que ça allait revenir. »

A l’UMIT, entre trente et quarante patients sont reçus chaque jour dans les deux bureaux médicaux ouverts pour faire face à l’épidémie. « On a énormément de cas, les patients sont exténués, certains mettent trois semaines à s’en remettre, ça met à plat toute la Guyane », explique Laureen Dahuron, jeune médecin infectiologue. La dengue est une infection virale, transmise sur le territoire par le moustique Aedes aegypti. Le 15 février, Santé publique France (SPF) comptait près de 13 000 cas « cliniquement évocateurs » en Guyane, dont plus de 6 600 cas avérés depuis le début de l’épidémie, il y a un an, avec une accélération depuis le 1er janvier : en un mois et demi, on a enregistré près de la moitié des cas cliniquement évocateurs et 60 % des cas avérés.

Une jeune femme très fatiguée attend elle aussi d’être reçue par un médecin. « C’est douloureux dans tout le corps, j’ai du mal à tenir debout, j’ai des vertiges quand je me baisse, explique Arlène, mère de quatre enfants. J’ai un bébé dont je dois m’occuper, ce n’est pas évident. »

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Une soignante effectue une prise de sang sur un patient de 73 ans, originaire de Macouria, qui a contracté la dengue. A l’hôpital de Cayenne, le 20 février 2024.

« Cette épidémie de dengue est la plus intense de ces vingt dernières années, analyse Tiphanie Succo, responsable de SPF en Guyane. Mi-2023, elle était localisée surtout à Kourou [dans le nord], mais désormais ça concerne tout le territoire. » Si, dans la plupart des cas, la dengue se limite à de légers symptômes, elle peut provoquer une forte fièvre, des maux de tête, des nausées et des vomissements, la convalescence pouvant durer jusqu’à deux semaines. Dans de rares cas, elle prend une forme hémorragique sévère, potentiellement mortelle : en diminuant dans le sang les plaquettes, qui permettent la coagulation, elle peut entraîner des hémorragies multiples. Depuis le début de l’épidémie, on compte quatre décès de personnes ayant eu un test positif à la dengue, et 190 hospitalisations à l’hôpital de Cayenne, dont 116 depuis le 1er janvier.

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