Un roc. C’est l’image qui vient en observant Yannick Borel. Un gabarit impressionnant (1,97 m pour 102 kg) dont il sait jouer à merveille sur les pistes, paraissant inébranlable puis se projetant en avant dans une flèche, une technique d’attaque visant à surprendre son adversaire, qui est l’un de ses mouvements favoris. Et puis cette voix, grave, profonde, qui donne une impression d’assurance dont on ne sait si elle est réelle ou surjouée.
En finale du tournoi olympique d’épée, dimanche 28 juillet, le Japonais Koki Kano ne s’est pas laissé impressionner. Il a parfaitement su « casser la distance », se jouant de l’allonge de son adversaire pour aller toucher celui-ci, faisant preuve d’une vivacité et d’une précision délicieuses alors que la lame du Français semblait trop souvent passer à côté de sa cible.
Troisième au classement mondial de l’épée, il ne cessait de creuser l’écart pour s’imposer sans trembler (15-9), apportant à l’Asie son troisième titre olympique d’escrime du week-end, après les succès, la veille, du Sud-Coréen Oh Sanguk au sabre et de la Hongkongaise Man Wai Vivian Kong, victorieuse de la Française Auriane Mallo-Breton à l’épée.
Le plus titré
« Je n’ai pas réussi à prendre l’ascendant, à retourner le match en ma faveur, commentait Yannick Borel à chaud. Sur le dernier geste, le petit temps qui fait la différence, c’était pour lui. Sur mon attitude, sur ce que j’ai donné aujourd’hui, je n’ai pas de regrets. Ce sont mes quatrièmes Jeux olympiques et ma première médaille en individuel, c’est dire la valeur qu’elle a. Cette médaille a la saveur de la réussite, d’une victoire même… »
Yannick Borel fait partie de ces champions au palmarès impressionnant, célébrés dans leur discipline, mais peu connus en dehors d’un cercle d’amateurs. Arrivé en équipe de France et à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), le centre d’entraînement de l’élite, en 2008, il a été champion olympique par équipes en 2016 à Rio, cinq fois champion du monde (dont une fois en individuel, en 2018), six fois champion d’Europe (dont quatre fois en individuel) et a remporté six épreuves de Coupe du monde.
Ce qui fait de lui le plus titré – en plus d’être, à 35 ans, leur doyen – des escrimeurs français présents à Paris. Ces Jeux olympiques (JO) étaient devenus son obsession. Yannick Borel, malgré le titre collectif de 2016, avait un compte à régler avec eux. En 2012, pour ses débuts, il avait vécu de l’intérieur l’humiliation de l’escrime française, première pourvoyeuse de médailles olympiques du sport français mais rentrée bredouille des Jeux de Londres.
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