samedi, mai 18

L’épargne salariale peut jouer un rôle de premier plan dans le financement de la transition écologique, à condition que les douze millions de salariés qui en bénéficient s’en préoccupent. C’est la principale conclusion du rapport publié mercredi 24 avril par l’organisation non gouvernementale (ONG) Reclaim Finance.

Les fonds d’épargne salariale représentaient, fin 2023, près de 188 milliards d’euros, selon l’Association française de la gestion financière. Un montant record qui a progressé de 6,7 % par an en moyenne depuis 2008. Problème, selon Reclaim Finance : 84 % des fonds proposés aux salariés pour placer leurs avoirs investissent dans des entreprises qui développent de nouveaux projets de charbon, de pétrole ou de gaz.

L’ONG engagée en faveur de la décarbonation des actifs financiers a analysé les données disponibles sur 474 de ces fonds, dont soixante-deux sont présentés comme « durables », et a adressé un questionnaire à seize des principaux gestionnaires d’actifs du marché français, dominé par deux acteurs, Amundi (contrôlé par le Crédit agricole) et Natixis IM (filiale du groupe BPCE), avec une part de marché cumulée estimée à 65 %.

Une transparence difficile à obtenir

Conclusion : un gestionnaire sur deux n’a pas de politique d’investissement permettant d’exclure « efficacement » de nouveaux investissements dans le charbon, et deux seulement (Gay-Lussac Gestion et Mirova) promettent de ne plus engager d’investissements supplémentaires dans les entreprises développant de nouveaux champs pétroliers et gaziers ou des infrastructures (oléoducs, gazoducs et terminaux de gaz naturel liquéfié).

Lire aussi l’enquête | Article réservé à nos abonnés Finance « verte » : entre les promesses et les actes, le grand écart des banques

A ces chiffres s’ajoute un constat, celui de la difficulté pour les salariés à savoir avec précision où va leur épargne salariale. Et la transparence est d’autant plus difficile à obtenir que neuf fonds d’épargne salariale sur dix sont des « fonds de fonds », qui n’investissent pas directement dans des obligations d’Etat ou au capital d’entreprises mais dans d’autres fonds.

Pour en savoir plus sur l’utilisation de son épargne, Marie (le prénom a été modifié à sa demande), salariée d’une entreprise du secteur de l’énergie, a commencé par consulter la documentation publique sur les fonds d’épargne salariale choisis par son employeur… pour conclure que les informations disponibles ne répondaient pas à ses questions.

« La documentation n’est vraiment pas adaptée à des néophytes : c’est un jargon très professionnel, fait pour le monde de la finance », explique-t-elle. Avec ses collègues, elle a donc tenté d’« obtenir plus de transparence et de pédagogie » en interrogeant son employeur. « Mais nous nous sommes aperçus au fur et à mesure que ces interlocuteurs n’étaient pas forcément ceux qui décident des choix d’investissement. »

Il vous reste 41.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version