mercredi, mai 1
Image extraite du documentaire « Leonora Carrington, pionnière du surréalisme » (2017), de Teresa Griffiths.

ARTE.TV – À LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE

Dix mois après la rediffusion de l’excellent documentaire Le Surréalisme au féminin (2019), de Maria Anna Tappeiner, également sur Arte.tv, Teresa Griffiths revient, avec Leonora Carrington. Pionnière du surréalisme (2017), sur l’une des cinq figures majeures présentées par sa consœur, aux côtés de l’Américaine Lee Miller (1907-1977), des Françaises Leonor Fini (1908-1996) et Claude Cahun (1894-1954), et de la Suissesse Meret Oppenheim (1913-1985).

Lire la critique : « Le Surréalisme au féminin », sur Arte.tv, fait le portrait de cinq artistes frondeuses

De ces dernières, la Britannico-Mexicaine Leonora Carrington (1917-2011) n’est pas la plus connue en France, même si elle y vécut et y travailla, aux côtés de son compagnon, Max Ernst, rencontré à Londres en 1936, qui l’introduisit dans le cercle surréaliste et avec qui elle s’installa en Ardèche. La guerre et l’Occupation les sépareront : Ernst est arrêté deux fois, parce que allemand et antinazi.

Leonora Carrington vit alors un épisode psychotique. Elle est internée en Espagne, où elle s’est réfugiée, et subit de terribles traitements curatifs. Elle gagne ensuite le Portugal, avant d’embarquer sur un navire en partance pour New York, en compagnie dun diplomate mexicain avec lequel elle a conclu un mariage « blanc ». Là-bas se trouve une colonie d’artistes de nationalité française – notamment Marcel Duchamp, Yves Tanguy, Ossip Zadkine, Marc Chagall – et Max Ernst qui, entre-temps, a lui aussi franchi l’Atlantique.

André Breton, grand prêtre intégriste du mouvement surréaliste, était également exilé à New York : si l’écrivain fournit aux artistes femmes surréalistes une « habilitation », pour reprendre le vocable d’Alix Agret et Dominique Païni – commissaires de l’exposition « Surréalisme au féminin ? », organisée en 2023 par le Musée de Montmartre, à Paris –, elles savent se départir de son emprise.

Créatures oniriques

Le Mexique, où Leonora Carrington s’installe en 1942, lui fait retrouver le fil de son travail, dont l’une des caractéristiques est qu’il trouve sa marque esthétique dès les premiers dessins de jeune fille (partie bien illustrée par le documentaire de Teresa Griffiths). Jusqu’aux années 1970, la peintre perpétuera une manière surréaliste (créatures oniriques et hybrides) qui, si elle paraissait alors datée, n’avait rien perdu de sa force. A la fin de sa vie, elle se consacrera aussi à la sculpture.

Lire la critique (en 2008) : Leonora Carrington, l’aristo rebelle des surréalistes

Plutôt oubliée du monde artistique international, Leonora Carrington passera l’essentiel de sa longue vie dans sa maison-atelier de Mexico, que l’on découvre au long d’images d’archives ou récentes. Les fils de l’artiste – qui interviennent dans Leonora Carrington. Pionnière du surréalisme – ont vendue celle-ci à l’université autonome métropolitaine de la ville et ont fait don d’un corpus d’objets et de toiles considérable, contre la promesse qu’il en soit fait un musée (à ce jour, seule une visite virtuelle est proposée en ligne).

Le documentaire, subtil et souvent poétique, appuie son récit davantage sur le portrait psychologique de la peintre que sur les caractéristiques de son art. Il rappelle, grâce à divers témoignages, que Leonora Carrington ne se trouva jamais vraiment chez elle au Mexique, pas plus qu’au Royaume-Uni. Elle y est pourtant considérée comme une artiste nationale. Son fils, Gabriel Weisz Carrington, le dit en une jolie formule : « Le seul pays où ma mère se sentait bien, c’était l’art. C’était ça, son pays. »

Leonora Carrington.Pionnière du surréalisme, documentaire de Teresa Griffiths (EU, 2017, 52 min). Disponible à la demande sur Arte.tv jusqu’au 7 juin.

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