samedi, janvier 11

En Italie, les jeunes gays pourront désormais devenir prêtres, mais pas s’ils « soutiennent la soi-disante culture gay », selon de nouvelles règles très restrictives publiées par la Conférence épiscopale italienne (CEI) et approuvées par le Vatican.

Tout en soulignant l’importance du célibat, ces nouvelles règles, entrées en vigueur jeudi 9 janvier, entrouvrent la porte des séminaires aux gays, sauf s’ils font de leur homosexualité un étendard, ce qui les condamne de fait à cacher leur orientation sexuelle.

« L’Eglise, tout en respectant profondément les personnes en question, ne peut pas admettre au séminaire ou dans la prêtrise ceux qui pratiquent l’homosexualité, présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou soutiennent la soi-disante culture gay », affirme le document de 68 pages.

Des règles qui rappellent la politique du « don’t ask, don’t tell » (« ne demandez pas, ne dites rien ») appliquée pendant des années par l’armée américaine, qui contraignait les soldats gays à vivre dans la hantise d’être chassés des rangs de l’armée si découverts.

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Indignation après l’emploi d’une insulte par le pape

Alors que les lois dépénalisant l’homosexualité et légalisant les unions homosexuelles se sont généralisées en Occident, l’Eglise catholique n’a toujours pas fait de véritable aggiornamento sur ce thème. Le pape François a employé deux fois en 2024 un terme italien vulgaire et insultant envers les gays, conseillant aux homosexuels voulant devenir prêtres d’aller voir un « psychologue ».

Interrogé en juin sur les vocations lors d’une rencontre privée avec 200 prêtres à l’université pontificale salésienne de Rome, le pape argentin avait utilisé le terme « frociaggine ». Ce mot, appartenant au dialecte de Rome, est difficile à traduire. C’est un dérivé de frocio, une insulte signifiant « pédé » en romain, et qui désigne de manière péjorative un environnement conditionné par les « pédés » ou « tarlouzes ».

« Au Vatican, il y a une atmosphère de frociaggine », avait déclaré le pape, selon l’agence de presse italienne ANSA. « Les gays sont de bons garçons (…), ils cherchent le Seigneur. Mais il vaut mieux les orienter vers un bon père spirituel, vers un psychologue », plutôt que les accepter au séminaire, avait-il ajouté, selon le quotidien italien Corriere della Sera.

Fin mai, le pape François a présenté ses excuses pour avoir employé une première fois ce mot lors d’une rencontre à huis clos avec des évêques italiens, le Vatican assurant qu’il n’avait « jamais eu l’intention d’offenser ou de s’exprimer avec des propos homophobes ». Ces propos avaient été repris par des médias du monde entier, suscitant déception et indignation chez les associations de défense des droits des LGBT+.

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Le Monde avec AFP

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