dimanche, juillet 7

La porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot a été agressée mercredi dans les Hauts-de-Seine alors qu’elle faisait campagne.
Avant elle, des dizaines de candidats de tous bords ont été victimes d’agressions ou d’insultes racistes, sexistes, homophobes.
Cette campagne éclair, « très, très polarisée », avec « un fort enjeu » et « deux blocs antagonistes », a « réactivé des comportements exacerbés », estime le politologue Luc Rouban.

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Élections législatives 2024

Mercredi soir lors d’une opération de collage d’affiches électorales à Meudon (Hauts-de-Seine), la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot et son équipe ont été agressés et pris à partie par une vingtaine de personnes. Sa collaboratrice et un militant ont été blessés et transportés à l’hôpital. Des faits très largement dénoncés par le camp présidentiel et l’ensemble de la classe politique, qui font écho à de nombreux autres survenus dans le cadre de cette campagne électorale. De nombreux candidats et responsables politiques dénoncent un climat tendu et des violences débridées. 

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Toujours ce mercredi, la candidate RN dans la 3ᵉ circonscription de Savoie, Marie Dauchy, a suspendu sa campagne et porté plainte après avoir été violemment prise à partie par un commerçant sur un marché. Dans sa plainte, la candidate explique que son agresseur « l’aurait menacée de mort à plusieurs reprises, l’aurait injuriée, et aurait tenté de lui arracher par la violence les tracts qu’elle tenait dans sa main, manquant en raison de sa résistance de la faire chuter au sol à deux reprises ». Ce dernier reconnaît les injures publiques et « avoir tapé dans les mains de la plaignante pour faire choir ses tracts au sol, mais conteste les menaces de mort réitérées »

« Ils ont craint pour leur vie »

Ce même jour, la candidate de gauche Danielle Simonnet dénonçait l’agression de quatre de ses militants par des personnes d’extrême droite. « Après avoir tenté de les empêcher de coller, un individu, bientôt rejoint par plusieurs autres, les a agressés avec un pistolet à poivre et des gaz lacrymogènes. Ils ont été frappés et insultés de ‘salopards d’antisémites’. Ils ont craint pour leur vie, au vu de la violence des agresseurs », a-t-elle écrit dans un communiqué. Encore ce 3 juillet, sur le marché de Talence (Gironde), un militant du RN a reçu plusieurs coups alors qu’il tractait en compagnie de la candidate de la circonscription Maryvonne Bastères. 

En début de semaine, le candidat soutenu par l’alliance d’extrême droite Nicolas Conquer publiait un communiqué pour dénoncer l’agression dont il avait été victime avec des membres de son équipe et des militants à Cherbourg (Manche). Ce jeudi matin, la presse locale fait également état de trois militants de gauche victimes d’insultes homophobes lors d’un porte-à-porte à La Chapelle-Heulin (Loire-Atlantique).

Une campagne qui a « réactivé des comportements exacerbés »

Ces agressions ne sont pas l’apanage de cet entre-deux-tours, mais la continuité de ce qui est observé depuis bien avant le premier tour le dimanche 30 juin dernier. Comment l’expliquer ? En partie par le contexte d’antagonismes exacerbés entre les blocs Rassemblement national, Nouveau Front populaire et le camp macroniste, qui s’accusent mutuellement de violences. Cette campagne éclair, « très, très polarisée », avec « un fort enjeu » et « deux blocs antagonistes », a « réactivé des comportements exacerbés », analysait le 26 juin dernier pour l’AFP Luc Rouban, politologue au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof).

À ce moment-là, la candidate Renaissance dans le Val-de-Marne Shannon Seban avait porté plainte pour injure raciste, affirmant avoir été traitée de « sale sioniste » par des « partisans de l’extrême gauche » ; le parquet de Saint-Étienne avait ouvert une enquête pour « violence en réunion » après « une bousculade, des insultes et des projections d’eau et de farine » visant le candidat RN Hervé Breuil sur un marché et plusieurs militants de gauche déploraient des agressions attribuées à l’extrême droite.

La disparition des modérés

Pour le politologue Luc Rouban, auteur de l’ouvrage Les racines sociales de la violence politique, la violence s’est accrue avec les mobilisations des Gilets jaunes et contre la réforme des retraites, et surtout depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre. Selon lui, ces crises ont réactivé « le clivage droite-gauche », la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron le 9 juin ayant acté la « disparition » des « modérés des deux côtés »

Du côté des sondeurs également, on perçoit de la violence dans les réponses tranchées des Français : beaucoup de « pas du tout » ou de « très ». La directrice de BVA Opinion Christelle Craplet évoque pour l’AFP un « climat éruptif », en particulier « des propos très violents » dans les réponses aux questions ouvertes sur Emmanuel Macron. Ce dernier brandit lui-même le spectre d’une « guerre civile » en cas de victoire des « deux extrêmes », quand Marine Le Pen a accusé « l’extrême gauche (qui) depuis toujours agit par la violence » et pourrait contester dans la rue la victoire du RN aux législatives.


Justine FAURE avec AFP

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