lundi, juillet 1

C’est un visage bien connu des Polynésiens. Journaliste depuis 2003 à Polynésie La Première, l’antenne locale de France Télévisions, James Raihere Heaux, 39 ans, est aussi l’un des présentateurs du journal télévisé. En 2018, il entre en politique sous l’aile de Gaston Flosse, l’ex-président omnipotent de la Polynésie française. Sur la liste autonomiste de M. Flosse, James Raihere Heaux est élu représentant à l’Assemblée de la Polynésie française. Il continue à exercer son métier de journaliste en parallèle – en se gardant toutefois de traiter les sujets politiques.

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Mais, en 2022, il se brouille avec son mentor, qui l’accuse de ne « rien faire pour la population » et de se « remplir les poches » avec son indemnité de représentant (4 400 euros) cumulée avec son salaire de journaliste. James Raihere Heaux se tourne alors vers les adversaires politiques de Gaston Flosse : le parti indépendantiste, à la gauche de l’échiquier politique local. « J’espérais un poste dans le gouvernement de Moetai Brotherson après sa victoire aux territoriales de 2023, il m’avait proposé les sports, mais ensuite je n’ai plus eu de nouvelles, regrette-t-il. L’indépendance, j’y ai cru, je n’y crois plus. » Selon lui, « les indépendantistes n’ont rien fait, c’est un principe de réalité, on a cru aux promesses, et finalement c’était mieux avant ».

Lorsque le chef de l’Etat annonce la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin, James Raihere Heaux espère se relancer en politique. Les chefs des deux principaux partis autonomistes locaux repoussent sa candidature. « J’ai pensé me lancer seul, mais ça coûte trop cher », admet-il. Mais la veille de la clôture des candidatures, dimanche 16 juin, il reçoit un appel du dirigeant local du Rassemblement national (RN). « Quand Eric Minardi m’a appelé samedi soir, il cherchait des candidats en urgence, je me suis dit, “pourquoi pas ?”, parce que je soutiens la pluralité des candidatures. »

« Nomadisme politique »

Comment passe-t-on des indépendantistes à l’extrême droite ? « C’est un partenariat gagnant-gagnant : ils cherchent un candidat, je veux porter des dossiers », justifie-t-il. « Si c’est de l’opportunisme de pouvoir représenter les intérêts des Polynésiens à l’Assemblée nationale, alors oui, ça l’est », assume le journaliste. Il reconnaît aussi ne pas connaître sa suppléante, choisie par le dirigeant local du RN, qu’il ne connaît pas non plus, « sauf de réputation ».

« Le nomadisme politique est caractéristique de la vie politique polynésienne », rappelle le politiste Sémir Al Wardi. Selon lui, le Rassemblement national aborde en Polynésie des thèmes chers aux électeurs locaux, comme le nucléaire et le coût de la vie. Mais « le RN ne se situe pas clairement dans le clivage autonomiste/indépendantiste et demeure à l’écart des deux grands, le Tavini et l’alliance autonomiste : c’est sa faiblesse ».

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