lundi, octobre 28

Au nom de la vision gaulliste des relations internationales qu’elle revendique, Marine Le Pen maintient que « la France n’a jamais à se positionner en soutien inconditionnel de quiconque ». « Jamais. » Mais, si la cheffe de file de l’extrême droite française ne dévie pas de sa neutralité dans la guerre opposant depuis plus de deux ans la Russie et l’Ukraine, elle renonce à toute indépendance dans les conflits ravivés au Proche-Orient. Qu’il pilonne la bande de Gaza contre le Hamas ou qu’il cible le Liban contre le Hezbollah, Israël bénéficie du soutien inconditionnel du Rassemblement national (RN).

Le parti présidé par Jordan Bardella n’a jamais nuancé son inébranlable appui à la politique de l’Etat hébreu au cours des douze derniers mois. Pas plus quand ses bombardements réduisaient en cendres Gaza, tuant plus de 40 000 personnes, selon le ministère de la santé de l’enclave, que quand des tirs blessaient cinq casques bleus dans le sud du Liban, entre les 10 et 12 octobre. La position des dirigeants du RN après les dégâts subis par la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) tranche avec la réprobation unanime des autres responsables politiques français, comme de plusieurs partenaires ou modèles étrangers de l’ex-Front national. « Ce n’est pas acceptable et cela viole ce qui a été établi » par les résolutions de l’ONU, a réagi la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni.

Dix jours après que la Finul a accusé les troupes israéliennes de tirer « de façon répétée » et « délibérée » sur ses positions, Jordan Bardella a consenti une timide réprobation. « Aucun pays, aucune démocratie ne peut tolérer ce type d’agression délibérée », a d’abord déploré le président du RN, lundi 21 octobre, devant le Parlement européen. Puis il a rapidement inscrit les faits dans le cadre d’« un combat légitime visant à neutraliser le totalitarisme islamiste au Proche-Orient », et renvoyé la fin du conflit à un hypothétique démantèlement du Hezbollah, posé par le RN en préalable à l’arrêt des combats.

Marine Le Pen, « bouclier » des juifs

Plus affiché que jamais, le soutien sans condition à Israël s’inscrit au cœur de l’entreprise de « dédiabolisation » menée depuis plus de dix ans par Marine Le Pen. Soucieuse de débarrasser le RN de son antisémitisme considéré comme le « dernier verrou » empêchant son accession au pouvoir, l’élue fait de l’appui à l’Etat hébreu un levier décisif de son opération séduction de la communauté juive française.

Trente ans après les saillies de son père, qualifiant les chambres à gaz de « point de détail » de l’histoire de la seconde guerre mondiale, Marine Le Pen se présente en « bouclier » des juifs de France, et même à la tête d’un parti « sioniste ». « De Jean-Marie Le Pen à Marine Le Pen, la proximité affichée avec Israël n’a jamais varié d’objectif : se normaliser à l’extérieur [des frontières] pour mieux se normaliser à l’intérieur », résume Nicolas Lebourg, chercheur au Centre d’études politiques et sociales à l’université de Montpellier et spécialiste de l’extrême droite.

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