Mardi 10 septembre, Emmanuel Macron a inauguré la nouvelle usine du groupe pharmaceutique français Sanofi, à Neuville-sur-Saône, en région lyonnaise. Entièrement « modulable », celle-ci est capable de fabriquer plusieurs vaccins en même temps. L’occasion pour le chef de l’Etat de rappeler l’importance de « l’attractivité industrielle française » qui « sert notre besoin de souveraineté ». Quelques jours auparavant, la centrale EPR de Flamanville, dans la Manche, a enfin démarré son activité, avec douze années de retard pour ce chantier nucléaire. Dans le même temps, le laboratoire Servier a renoncé – pour le moment – à la vente de sa filiale Biogaran, le leader des médicaments génériques en France.
Ces différentes nouvelles sont-elles le signe d’un regain de dynamisme pour l’industrie française ? Pas si sûr. Malgré les annonces, les difficultés semblent, au contraire, s’accumuler depuis plusieurs mois, mettant en péril le début de réindustrialisation enclenché en 2021 dans la foulée de la crise du Covid-19. Pour la première fois en trois ans, le solde de créations d’usines sur le territoire est redevenu négatif depuis le mois d’avril, et les emplois industriels ont chuté en juin et juillet. En un an, la production industrielle manufacturière a reculé de 3 %, affaiblie entre autres par les mauvais résultats dans l’automobile et dans la construction, selon une note de l’Insee publiée le 6 septembre. Le nombre de défaillances d’entreprises atteint des records, la demande de biens d’équipement plonge, les capacités d’investissement sont réduites par le niveau des taux d’intérêt, et le coût de l’énergie a dégradé de nombreux secteurs.
La crise gouvernementale commencée depuis l’été ne fait qu’ajouter à la confusion. Au point que de nombreuses filières industrielles alertent le nouveau premier ministre, Michel Barnier, sur l’urgence de la situation. Toutes mettent la pression sur le futur gouvernement et appellent à la poursuite des aides publiques et à une plus grande visibilité sur la politique industrielle de la France, au moment où l’ancien gouverneur de la BCE, Mario Draghi, exhorte dans un rapport l’Union européenne à investir massivement pour ne pas décrocher par rapport aux Etats-Unis et à l’Asie. Le nouveau chef du gouvernement français a certes mis en avant « la réindustrialisation des territoires » dès sa prise de fonction, mais M. Barnier a d’ores et déjà annoncé qu’il n’y aura « pas de miracles » et que « la première des priorités » de son gouvernement sera de réduire le déficit public.
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