Une semaine après la prise d’El-Fasher, capitale de la province du Darfour du Nord, au Soudan, par les Forces de soutien rapide (FSR), la situation est “catastrophique”, alerte Al-Jazeera. Des dizaines de milliers de civils sont toujours piégés dans ce qui était le dernier bastion au Darfour des forces armées soudanaises (FAS), tandis que des milliers d’autres sont portés disparus après avoir fui la ville, qui comptait près de 250 000 habitants avant sa chute.
S’exprimant auprès d’Al-Jazeera, depuis Tawila − une petite ville située à environ 50 kilomètres d’El-Fasher − Caroline Bouvard, directrice de Solidarités International au Soudan, a déclaré que seules quelques centaines de personnes étaient parvenues à y fuir ces derniers jours. “Ce sont des chiffres très faibles compte tenu du nombre de personnes bloquées à El-Fasher”, explique la travailleuse humanitaire, qui s’inquiète du “black-out total” dans la capitale.
“Massacres sans précédents”
“Encerclée par un mur de sable érigé au cours d’un siège de 18 mois”, El-Fasher est le théâtre de “massacres sans précédents” dont témoignent, outre les survivants, “les images satellites et les vidéos partagées sur les réseaux sociaux”, parfois par les tueurs eux-mêmes, note NBC News. “Le sang est visible depuis l’espace”, constate la chaîne américaine.
Celle-ci s’est entretenue jeudi avec “l’un des rares habitants qui ont réussi à s’échapper”, Mutaz Mohamed Musa. “Ils ont ouvert le feu directement sur les civils”, a témoigné l’homme de 42 ans, ajoutant que “les gens se dispersaient dans toutes les directions” tout en étant poursuivis et écrasés par des camions.
D’autres témoignages ont été recueillis par le Sudan Tribune, un média soudanais basé à Paris. Parmi ceux-ci, Madiha Al-Tom Bashir raconte avoir été “déshabillée” et dépouillée de toutes ses affaires par les combattants des FSR alors qu’elle fuyait El-Fasher. Puis l’horreur absolue : “Sous mes yeux, un soldat a abattu mon fils et m’a ordonné de partir… J’ai laissé son corps sans pouvoir l’enterrer, mon mari a été arrêté et nous n’avons plus aucune nouvelle de lui.”
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