jeudi, juillet 4

Est-ce un renoncement qui ne dit pas son nom ou un marchandage de la dernière chance ? En annonçant, dans la soirée de dimanche 30 juin, la suspension de la réforme de l’assurance-chômage, l’entourage du premier ministre, Gabriel Attal, a, à la fois, surpris et accentué le flou qui prévaut depuis plusieurs jours sur ce dossier controversé. Alors que le chef du gouvernement s’était engagé, il y a deux semaines et demi, à publier « d’ici au 1er juillet » le décret nécessaire à la mise en application de son projet, il a finalement changé de cap. Une décision synonyme de victoire pour les syndicats, la gauche et l’extrême droite, hostiles aux mesures prévues, car celles-ci se traduiraient par un durcissement des règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi.

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L’information a été livrée, dimanche, peu après 22 h 30, au moment où les résultats du premier tour des élections législatives continuaient de tomber, montrant le lourd revers subi par le camp présidentiel. Matignon a justifié le fait de placer entre parenthèses la réforme au nom du désir de procéder à des « aménagements » et d’ouvrir des « discussions entre forces républicaines ». « Il s’agit du premier acte de Gabriel Attal dans l’esprit des futures majorités de projets et d’idées qu’il a évoquées ce soir », ont précisé les services du premier ministre. Une allusion à la déclaration faite quelques minutes plus tôt par le chef du gouvernement, dans laquelle il formait le vœu de nouer des alliances afin « de priver l’extrême droite d’une majorité absolue ».

« Sortir de notre zone de confort »

Invité de TF1 lundi soir, M. Attal est revenu sur son choix de tendre la main : « Je ne peux pas, d’un côté, dire “je souhaite que dans cette nouvelle Assemblée, il y ait des forces politiques différentes qui puissent travailler ensemble, échanger au service des Français”, et, [de l’autre], prendre là un décret, au lendemain du premier tour qui (…) aurait, je pense, été vu comme une forme de passage en force », a-t-il affirmé. Selon lui, « suspendre la réforme (…) est un gage qui montre qu’on a entendu le message des Français, le message des urnes ». « Il faut gouverner différemment, il faut sortir de notre zone de confort (…) », a-t-il ajouté.

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Ce geste d’apaisement cherche aussi, sans doute, à aider les candidats macronistes en quête de suffrages pour le second tour des législatives. « Avant de lancer une réforme aussi profonde, qui n’a peut-être pas été assez bien expliquée, il est nécessaire de privilégier, autant que possible, le consensus », confie Charlotte Parmentier-Lecocq, qui était présidente de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale sous la précédente législature et qui est toujours en lice, dans une circonscription du Nord, pour un nouveau mandat de députée.

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