samedi, juin 29

Le barrage a cédé en janvier 2024, lorsque Jamie Dimon, emblématique patron de JP Morgan et « boss » de Wall Street, a donné son absolution à Donald Trump. « Prenez juste du recul et soyez honnêtes. Il avait assez raison à propos de l’OTAN. Il avait assez raison à propos de l’immigration, il a plutôt bien fait croître l’économie. La réforme fiscale a fonctionné. Il avait raison en partie sur la Chine », a déclaré M. Dimon, le 17 janvier, en direct du forum de Davos, en Suisse. Et d’ajouter qu’il saurait s’accommoder d’une élection de Trump ou de Joe Biden : « Mon entreprise survivra et prospérera dans les deux. »

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Nécessité de ménager sa banque en cas d’alternance, intérêt bien compris vis-à-vis d’une administration républicaine qui sera plus probusiness que celle de M. Biden et ambition personnelle – il n’a jamais caché sa volonté de se lancer en politique –, Jamie Dimon est le reflet d’un patronat aux sentiments mitigés sur la personne Trump, mais qui vole au secours du candidat.

Depuis des semaines, en dépit de sa condamnation pénale pour avoir acheté, en 2016, le silence d’une actrice porno sur une relation sexuelle alléguée, Donald Trump n’en finit pas de faire sa remontée auprès du « big business ». Il était donné mort après l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021. Mais faute de parvenir à imposer un autre candidat, qu’il s’agisse du gouverneur de Floride, Ron DeSantis, ou de l’ex-gouverneure de Caroline du Sud Nikki Haley, une partie des grands patrons a refait ses comptes. Entre Biden, qui mène la politique la plus à gauche depuis un demi-siècle, et Trump, c’est ce dernier qu’ils détestent le moins.

« C’est risible »

Le cas le plus médiatique est celui d’Elon Musk, patron de Tesla. Rien n’était joué d’avance. Comme le note l’ancien représentant démocrate Joe Cunningham dans le Wall Street Journal, « Elon Musk devrait être un démocrate. Il flirte avec Trump, mais ses affaires sont alignées avec les priorités de Biden. » Et de citer la transition énergétique promue par Tesla, l’apaisement industriel avec la Chine et l’inquiétude face à l’intelligence artificielle.

En réalité, c’est Biden qui a perdu Musk, conviant à l’été 2021 un forum des constructeurs automobiles électriques à la Maison Blanche, sans l’inviter, sous prétexte que les usines Tesla ne permettaient pas d’implantation syndicale. Même le capital-risqueur Reid Hoffman, fondateur de LinkedIn et soutien démocrate, blâme M. Biden. « Faire un sommet sur la voiture électrique à la Maison Blanche sans l’inviter, c’est risible ! », confiait, cet hiver, M. Hoffman. A cette blessure narcissique s’est ajoutée la dérive du libertarien Musk aux confins de l’extrême droite. En mai 2022, il rompt avec le Parti démocrate, accusé de wokisme et de « devenir le parti de la division et de la haine ».

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