C’est un hibou rouge au regard complice bien connu des Canadiens qui fait désormais de l’œil à un de ses concurrents mondiaux. Lundi 19 août, Alimentation Couche-Tard, propriétaire de supérettes et de stations-service, a indiqué avoir fait une « proposition amicale » d’achat de la holding japonaise Seven & I, propriétaire des supérettes 7-Eleven mondialement connues. Le groupe nippon a dit avoir formé un comité spécial pour évaluer la proposition canadienne. « Ni le conseil d’administration ni le comité spécial n’ont décidé à ce stade d’accepter ou de rejeter la proposition d’Alimentation Couche-Tard, d’entamer des discussions (…) ou de poursuivre une autre transaction », précise le groupe par communiqué.
De son côté, la société établie à Laval, au Québec, a fait savoir par communiqué « s’efforce[r] de parvenir à une transaction mutuellement acceptable qui profite aux clients, aux employés, aux franchisés et aux actionnaires des deux sociétés. Rien ne garantit à ce stade qu’une entente ou une transaction sera conclue ». Aucun montant d’une éventuelle transaction n’a été dévoilé. Contacté, Couche-Tard n’a pas répondu aux sollicitations du Monde. L’opération, la plus grosse offensive d’une entreprise étrangère au Japon, créerait un géant mondial de la distribution d’environ 135 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Lundi, cette proposition d’achat a profité à l’action de Seven & I, qui a bondi de 23 % à la Bourse de Tokyo, évaluant ainsi le détaillant à environ 38 milliards de dollars (35 milliards d’euros). Propriété depuis 2005 de Seven & I Holdings, 7-Eleven est d’origine américaine, né aux Etats-Unis, à Dallas (Texas), en 1927. Ce géant aux 86 000 convenience stores (« magasins de proximité ») à travers le monde – dont approximativement le quart au Japon – exploite cinq fois plus de magasins que son homologue québécois.
Le réseau Couche-Tard compte, lui, près de 17 000 « dépanneurs », ces supérettes et stations-service vendant des produits alimentaires de base, des journaux et des cigarettes nées au Québec dans les années 1960 et qui restent particulièrement adaptées aux grands espaces canadiens où la population est parfois très éloignée des centres urbains. Le chiffre d’affaires de la compagnie lavalloise s’élève à environ 95 milliards de dollars canadiens (63 milliards d’euros) et sa valeur est de 80 milliards de dollars canadiens à la Bourse de Toronto. Selon le quotidien japonais Nikkei, des discussions entre les deux groupes se tiendraient depuis plusieurs années. En 2020, Couche-Tard a même essuyé une fin de non-recevoir.
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