mercredi, janvier 15

Un problème global, dont les effets sur la santé publique peinent encore à être mesurés dans toute leur ampleur. En moins d’un demi-siècle, le plastique est devenu l’une des matières les plus utilisées au monde, sous des formes très variées. Tous les secteurs d’activité et une quantité innombrable de produits sont concernés.

Ces dernières années, les effets nocifs de cette matière particulièrement polluante, car elle a notamment pour caractéristique de se dégrader à l’usure en millions de nanoparticules invisibles à l’œil nu, ont été signalés par de nombreux travaux scientifiques. Cela n’a toutefois pas suffi à freiner la production de plastique à l’échelle mondiale, qui a doublé entre 2000 et 2019 et qui pourrait encore tripler d’ici 2060 si la trajectoire actuelle est maintenue.

Particulièrement inquiet de cet état des lieux, le docteur Christian Recchia tire la sonnette d’alarme au micro de Yahoo. « Les plastiques, c’est la mort de l’humanité, affirme le médecin. Je n’exagère pas. Il faut comprendre que nous avons quelques grammes de plastique dans notre cerveau, on l’a démontré. Nous avons des dizaines de grammes de plastique dans les ventres des poissons que nous consommons. Sous notre peau. Les plastiques sont partout. La production de plastique ne fait qu’augmenter. »

Pour le Dr Recchia, cela ne fait aucun doute, « il faut arrêter la production de plastique. Pourquoi ? D’abord, ce n’est pas l’alimentation qui apporte le plastique, ce sont les emballages autour de l’alimentation ». L’utilisation de plastique dans le conditionnement alimentaire est en effet devenu la norme au cours de la fin du XXe siècle. Si l’on pourrait penser que la tendance actuelle est plutôt à une baisse de cet usage, certaines études montrent qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. Il suffit pour s’en convaincre de rappeler qu’un simple sachet de thé peut libérer des milliers de particules de microplastiques dans votre tasse.

« Ensuite, au delà des emballages, il y a les habits, poursuit le Dr Christian Recchia. Quand vous lavez vos habits, on a même constaté qu’on devrait mettre dans chaque machine à laver des filtres pour retenir les nanoparticules, pour éviter que ces bouts de plastique en microparticule repartent dans l’eau courante et se retrouvent à la mer. » Là encore, le problème est identifié depuis des années et a continué de s’aggraver au fil du temps.

La pollution des océans par le plastique est en effet un sujet majeur, mis en lumière par la médiatisation du tristement célèbre « 7e continent », un gigantesque amas de plastique recouvrant une zone de trois millions de kilomètres carrés en surface de l’Océan Pacifique. Cette monstrueuse anomalie ne représente toutefois qu’une infime partie du problème : « Sur les 200 millions de tonnes de plastique qui se retrouvent aujourd’hui dans les océans, environ 80 millions sont dans l’eau et 117 millions dans les sédiments marins. Seul 0,3 million flotte en surface », détaille Jeroen Sonke, directeur de recherche CNRS à l’Université de Toulouse 3, cité par Sciences et Avenir.

Comme l’explique le Dr Christian Recchia, notre dépendance au plastique s’est construite en quelques décennies seulement, dans des proportions démesurées. « En 1960, le plastique n’existait pas et aujourd’hui, on est enveloppés par le premier toxique de la Terre, résume le professionnel de santé. Donc, il faut maintenant que vous fassiez un diagnostic chez vous. La salle de bain, c’est 90% de plastique. Quand vous nettoyez la salle de bain, ces polluants sont des perturbateurs endocriniens. »

D’une manière générale, de nombreux objets du quotidien comportant du plastique ont tendance à se désagréger progressivement et à disperser partout des microparticules polluantes, jusque dans notre corps. « C’est tout simplement la laisse du chien en plastique que vous tenez à la main, les morceaux de plastique traversent la peau », illustre le Dr. Recchia.

Le principal mode d’ingestion de microplastiques par nos organismes reste toutefois l’eau que nous consommons chaque jour. « Tout cela se retrouve au niveau de l’eau douce, confirme le Dr Christian Recchia. Je ne veux pas que vous buviez l’eau des villes, vous entendez ? Je ne veux pas que vous buviez l’eau du robinet. Il y a des polluants éternels. Je préfère boire de l’eau minérale dans une bouteille en verre, ça c’est sûr. »

Selon le médecin, cette pollution de l’eau du robinet est telle qu’il préconise même de lui préférer de l’eau en bouteille plastique, dont la pollution a pourtant été avérée par de nombreuses études. « Entre l’eau du robinet et la bouteille d’eau minérale en plastique ?, interroge le Dr Recchia. Compte tenu de la qualité de l’eau minérale par rapport à l’eau du robinet, eh bien je prends l’eau en bouteille en plastique. »

« Comprenez qu’aujourd’hui, le plastique est un élément majeur à surveiller et nous aurons encore pour une vingtaine d’années à maîtriser ce fléau », conclut le médecin. Sortir du tout plastique implique en tout cas de tordre le cou à certaines idées reçues, comme par exemple celle selon laquelle le plastique serait une matière facilement recyclable.

En effet, d’après une enquête du magazine Ça m’intéresse publiée il y a un an, environ 20% des plastiques utilisés pour les emballages peuvent être recyclés, en raison de différentes contraintes. Cela revient donc à estimer qu’un plastique sur cinq seulement peut faire l’objet d’un recyclage. Or ce processus nécessite aussi l’adjonction au plastique recyclé d’une certaine quantité de « nouveau » plastique, jamais recyclé auparavant. On le voit, le problème posé par notre dépendance au plastique est profond. Il semble évident que sa résolution passera forcément par des changements à grande échelle.

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