L‘écrivain colombien Juan Gabriel Vasquez a composé ce vibrant plaidoyer pour la littérature, essentielle pour traduire et comprendre notre monde, à partir des conférences qu’il a données en 2022 à l’université d’Oxford.
De tout temps, l’homme s’est méfié de la fiction. Au Ve siècle déjà, Platon s’inquiétait dans La République des « sortilèges » et « ventriloquies » de poètes trop habiles « à s’exprimer au nom de Télémaque, Démodocos, Ulysse ou Achille ».
Les accusations d’« appropriation culturelle » dont les écrivains sont actuellement la cible s’inscrivent ainsi dans la continuité de siècles de controverses, d’attaques et de censure, rappelle Juan Gabriel Vasquez.
Rêveries inspirées et érudites
Marguerite Yourcenar avait-elle le droit d’adopter la voix d’un empereur romain pour écrire ses Mémoires d’Hadrien ? André Malraux de se glisser dans les pensées de Chen, communiste chinois ? Ernest Hemingway dans celles de Santiago, pêcheur cubain ? Autant de chefs-d’œuvre auxquels l’« appropriation » a donné naissance…
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À la suite des réflexions de Hannah Arendt dans Vérité et politique, l’écrivain démontre combien « adopter le point de vue d’un autre est l’une des tâches les plus difficiles qui soient », combien « cela exige de fortes doses d’imagination et de flexibilité morale, de curiosité et de clairvoyance ».
Explorant la place de la littérature dans nos sociétés, ce grand lecteur de Conrad, Proust […] Lire la suite