Marine Le Pen hausse le ton. La présidente des députés Rassemblement national n’a pas goûté la sortie du nouveau ministre de l’Économie Antoine Armand ce mardi matin. Le locataire de Bercy a jugé sur France inter que le mouvement de Jordan Bardella n’était pas dans « l’arc républicain ».
« Quand j’entends Monsieur Armand qui explique que sa porte sera toujours fermée aux députés du RN alors que nous avons juste le budget qui arrive, je pense que le Premier ministre doit aller expliquer à l’ensemble de ses ministres quelle est la philosophie de son gouvernement », s’est agacé la cheffe de file des élus RN au micro de BFMTV.
« Il semblerait que certains n’aient pas encore totalement compris », a-t-elle encore grincé.
Recadrage en règle par Michel Barnier
Les propos du nouveau locataire de Bercy ne passent pas dans le camp de l’ex candidate à la présidentielle. Interrogé à propos de sa volonté de travailler avec l’ensemble des groupes politiques, Antoine Armand s’est dit ouvert ce mardi matin à collaborer avec tous les partis, « pour peu qu’ils soient dans l’arc républicain », auquel n’appartient pas le RN selon lui.
Quelques heures plus tard, Michel Barnier a recadré son nouveau ministre de l’Économie. L’entourage du Premier ministre a fait savoir à BFMTV qu’il l’avait eu au téléphone pour lui rappeler « clairement et fermement » »les règles et les engagements » du nouveau gouvernement, à savoir « le respect des électeurs » et « le respect des présidents de groupe représentés au Parlement ».
Message reçu cinq sur cinq. Le cabinet d’Antoine Armand a finalement assuré que le ministre allait recevoir « toutes les forces politiques représentées au Parlement » au sujet de la situation très dégradée des finances publiques.
Le Premier ministre a par ailleurs appelé Marine Le Pen après les propos de son ministre de l’Économie, d’après des informations du Figaro confirmées par BFMTV.
Pas de « sectarisme » vis-à-vis du RN
Il faut dire que Michel Barnier n’a pas le luxe de se fâcher avec les 126 députés du RN qui détiennent entre ses mains une grande partie de son avenir politique. Dans un contexte de majorité relative, Marine Le Pen et ses élus pourraient à tout moment décider de voter une motion de censure déposée par la gauche.
Bien conscient de la fragilité politique de son gouvernement, Michel Barnier a expliqué dès la passation de pouvoir avec Gabriel Attal qu’il ne ferait pas preuve de « sectarisme », promettant de prendre « les bonnes idées partout ».
« Je rencontrerai Marine Le Pen, je la verrai, je la respecte », avait-il expliqué le lendemain sur TF1, assurant « respecter » tout autant « les 11 millions de Français qui ont voté pour le RN ».
La porte d’Antoine Armand « ouverte »
La menace d’une motion de censure plane d’autant plus à l’approche des discussions sur le budget 2025 qui s’annonce particulièrement ardue à boucler. Pour l’instant, le RN se montre plutôt disposé à aider Michel Barnier. Le député RN Sébastien Chenu a expliqué la semaine dernière sur BFMTV ne pas vouloir censurer le gouvernement « avant d’avoir vu le budget » tout en promettant une motion de censure « s’il y a des impôts qui frappent les Français ».
Les propos du Premier ministre ont manifestement été largement reçus par ses nouveaux ministres. Le nouveau garde des Sceaux Didier Migaud, issu du Parti socialiste, a ainsi assuré ce mardi après-midi « être à la disposition de l’ensemble des parlementaires » lors d’un déplacement à la prison de la Santé.
L’entourage d’Antoine Armand, soucieux de minimiser ce premier couac, a fait savoir que « Michel Barnier et Antoine Armand sont exactement sur la même ligne », expliquant que « lors de la passation de pouvoir », il avait assuré « que sa porte était ouverte à tous ceux qui veulent contribuer à l’équilibre économique ».
Article original publié sur BFMTV.com