samedi, mai 18

L’issue du vote sera restée incertaine jusqu’au bout. Mais le Parlement européen a finalement fait barrage au retrait des Emirats arabes unis (EAU) de la liste européenne des pays tiers à haut risque de blanchiment. Lors d’un vote en séance plénière, mardi 23 avril, une très large majorité d’eurodéputés de gauche, du centre et de la droite s’est opposée au délistage proposé par la Commission européenne.

La décision de l’exécutif bruxellois de réhabiliter les EAU, qui avait été notifiée le 14 mars sous la forme d’un projet de « règlement délégué », avait soulevé l’inquiétude sur les bancs du Parlement européen. Dubaï, l’un des sept émirats et l’un des plus gros centres financiers mondiaux, est en effet régulièrement soupçonné d’abriter l’argent de criminels et d’oligarques russes sous sanctions, comme l’avait notamment montré l’enquête Dubaï Uncovered, publiée par Le Monde et un consortium de médias internationaux.

Mardi, une majorité transpartisane de députés européens a donc demandé à la Commission de revoir sa copie sous six mois. D’ici là, les Emirats resteront fichés sur la liste de l’Union européenne (UE), et donc soumis à une surveillance renforcée, tout comme le Panama, Gibraltar, la Barbade et l’Ouganda, que Bruxelles proposait aussi de rayer de cette « liste grise ». « Aujourd’hui, le Parlement européen envoie un message clair : la politisation de la liste des pays tiers à risque de l’UE est inacceptable, déclare au Monde l’eurodéputé écologiste Damien Carême. Les EAU sont un centre mondial d’opacité financière qui ne doit pas être retiré de la liste. »

Des doutes sur les « progrès significatifs » accomplis par les Emirats

M. Carême – qui a quitté Les Ecologistes pour rejoindre la liste de La France insoumise – avait fait partie des sept parlementaires européens qui avaient rapidement demandé à la Commission, en mars, des éclaircissements sur son intention de « blanchir » les Emirats arabes unis, en les sortant de la liste un an après leur entrée.

A leur initiative et après des discussions transpartisanes, une proposition de résolution d’objection à la nouvelle liste préparée par Bruxelles avait pu être cosignée et déposée, au nom des groupes Verts/Alliance libre européenne, Socialistes et démocrates, Renew Europe et Parti populaire européen, ainsi que d’eurodéputés signataires en leur nom propre, comme Manon Aubry (Groupe La gauche). C’est ce texte qui vient d’être adopté, par 490 votes pour, 64 votes contre et 56 abstentions.

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Certes, la décision de Bruxelles ne tombait pas du ciel, mais s’appuyait sur l’analyse du Groupe d’action financière (GAFI), l’organisation de référence intergouvernementale qui élabore les normes antiblanchiment à l’échelle mondiale. Le 23 février, l’organisme avait annoncé le retrait des EAU de sa « liste grise » de pays sous surveillance renforcée – qui n’en compte plus que vingt et un – du fait de « progrès significatifs » pour « améliorer leur dispositif de lutte antiblanchiment », corriger les défaillances identifiées en 2022 et faciliter les enquêtes internationales.

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