Une épouvantable tuerie a frappé la communauté juive en Australie, dimanche 14 décembre, et ravivé les craintes des juifs partout dans le monde. Deux tueurs présumés se sont attaqués à un rassemblement organisé sur l’une des plages les plus populaires de Sydney, à l’occasion de la fête juive des Lumières, Hanoukka. Cette fête de l’espoir, selon la tradition biblique, s’est transformée en bain de sang. Et le bilan de 15 morts aurait pu être plus élevé sans l’intervention courageuse d’un passant qui est parvenu à désarmer l’un des assaillants alors qu’il tirait sur une foule sans défense.
Le premier ministre australien, Anthony Albanese, a rapidement qualifié la tuerie d’« acte maléfique, antisémite et terroriste », avant d’assurer qu’« une attaque contre les juifs australiens est une attaque contre tous les Australiens ». L’évidence du caractère antisémite de ce massacre, le pire jamais enregistré en Australie, ne fait aucun doute et ne peut que semer la consternation dans un pays qui avait constitué au XXe siècle un refuge pour de nombreux juifs fuyant la montée du nazisme et de l’antisémitisme en Europe, comme, plus tard, pour des rescapés de la Shoah. La tuerie de Sydney ravive, encore une fois, la peur, l’angoisse et un insupportable sentiment d’impuissance et de vulnérabilité.
Car ce pays jugé sûr avait enregistré une hausse des actes antisémites au cours des deux dernières années, même si aucun n’avait provoqué un tel drame, précipitant la nomination d’une responsable chargée de la lutte contre l’antisémitisme. Une réaction insuffisante. L’Australie avait en effet subi comme de nombreux pays les contrecoups du cycle de désolation enclenché au Proche-Orient par des massacres terroristes du 7-Octobre perpétrés par le Hamas, suivis ensuite par l’anéantissement de Gaza par l’armée israélienne. De nombreux autres pays ont été confrontés à une montée inquiétante de cette violence antisémite.

C’est une évidence, mais qui manifestement doit être répétée inlassablement : l’antisémitisme est un poison essentialiste pour les sociétés dans lesquelles il prospère. La lutte contre ce poison commence par l’examen lucide des faits et le souci de les nommer. Son antidote est bien connu : il s’agit de la traque intraitable des préjugés, des théories du complot qui affectent les juifs, et surtout des attaques visant leur communauté dans son ensemble du fait de la politique conduite par l’actuel gouvernement israélien.
Faut-il encore le rappeler, et aussi longtemps que nécessaire, seul un esprit malade peut considérer que l’opposition à cette politique peut constituer un permis de commettre des violences de toute nature, contre des personnes, où qu’elles se trouvent, parce qu’elles sont juives. Une abomination telle que la tuerie de Sydney est la preuve d’une complète déchéance morale. Le lien familial qui unissait les deux tueurs présumés, selon la police australienne, un père et son fils, ne fait que le confirmer. Le second avait fait l’objet d’une enquête en 2019 du fait d’un lien avec un responsable autoproclamé de l’organisation Etat islamique.
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a immédiatement réagi au bain de sang en établissant un lien avec la reconnaissance de l’Etat de Palestine par l’Australie en septembre, une décision alors partagée notamment avec la France, le Canada et le Royaume-Uni. Cette réaction, alors que l’identité des tueurs n’était même pas encore connue, n’a pas rendu service à la cause qu’il entendait défendre à cet instant.




