samedi, mai 18
Le « BYD Explorer NO.1 », un navire destiné à l’export des automobiles chinoises, au départ du port de Yantai, dans la province chinoise du Shandong, en Chine, le 10 janvier.

L’équation est simple. L’industrie automobile chinoise produit 30 millions de véhicules par an et elle continue à investir massivement. En 2023, elle a écoulé 21,7 millions de voitures sur son marché domestique, en a stocké 3,2 millions et en a exporté 5,2 millions. Un record, qui de l’avis de tous les observateurs en Chine, n’est qu’un début.

Lire l’enquête | Article réservé à nos abonnés La grande course à l’armement de la Chine, avec Taïwan en ligne de mire

Signe qui ne trompe pas, l’industrie maritime a produit, en 2023, 68 rouliers, des bateaux spécialisés dans le transport de voitures, au lieu de 5 les années précédentes, a souligné Camille Bortolini, conseiller à l’industrie et au numérique à l’ambassade de France à Pékin dans une présentation faite à 80 professionnels de l’automobile (concessionnaires, réparateurs, équipementiers…) emmenés par leur organisation professionnelle Mobilians, à Pékin, le 24 avril.

Le premier constructeur chinois de véhicules électriques ou hybrides, BYD, devenu numéro un mondial dans cette catégorie, a décidé de se doter de sa propre flotte. Il a reçu un premier navire et six autres doivent lui être livrés en 2025. Il utilise son premier « ro-ro », l’autre nom des rouliers, diminutif de roll-in roll-out, de la Chine vers l’Europe tout en achetant de l’espace chez les autres transporteurs.

« Navires pleins à l’aller et au retour »

Selon le site spécialisé Ports et Corridors, SAIC Motor, propriétaire, entre autres, de la marque MG, et Chery ont aussi passé commande. Au total, les constructeurs chinois s’équiperaient de 47 bateaux. Mais ils ne sont pas les seuls : il y a actuellement autour de 700 rouliers dans le monde, et de 30 % à 35 % de capacités supplémentaires en commande, estime-t-on chez CMA CGM. Devenu le premier acteur mondial de la logistique automobile depuis le rachat, en 2022, de Gefco par sa filiale Ceva Logistics, l’armateur français se renforce aussi.

« En 2024, Ceva déploie quatre nouveaux navires porte-voitures en mer profonde, avec chacun une capacité de transport de 7 000 voitures », note un porte-parole. Indianapolis, Monaco, Monza et Silverstone… Trois autres sont en construction, dont l’un, le Daytona, qui sera livré vendredi 26 avril. Tous ont des noms de circuit de course automobile. Ces navires sont pour partie affrétés par CMA CGM auprès de la société singapourienne Eastern Pacific Shipping et pour partie détenus en propre. L’objectif de l’armateur marseillais est de transporter 140 000 véhicules par an, soit autant que la production annuelle de l’usine de Stellantis à Poissy (Yvelines).

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés L’inquiétante montée en puissance maritime de la Chine, nouveau géant des mers

« Nos navires sont pleins à l’aller mais aussi au retour, vers l’Asie », précise CMA CGM, citant les deux premiers voyages de l’Indianapolis et du Monaco. Les principaux flux de transport sont entre l’Asie et l’Amérique du Nord : 17 % du marché, des mouvements qui devraient être stables ou en très légère baisse. En revanche, les flux de l’Asie vers l’Europe, 13 %, sont attendus en hausse de 3,7 % par an en moyenne sur les quatre prochaines années. Le transport de Chine vers l’Europe coûte 1 500 dollars (1 404 euros) par voiture. Les professionnels du fret maritime parlent de « supercycle ».

Partager
Exit mobile version