jeudi, novembre 14

Elles produisent une énergie inépuisable, font baisser les factures d’électricité et n’émettent pas de CO2 : sur le papier, les pompes à chaleur ont tout pour plaire.
Pourtant, malgré les efforts du gouvernement pour développer la filière made in France, celle-ci subit un net coup d’arrêt depuis un an.

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Initiatives environnementales

Concilier écologie et économie n’est pas chose aisée. C’est pour quoi Emmanuel Macron a lancé en grande pompe, il y a à peine un an, un ambitieux « plan PAC » (pour pompes à chaleur). Objectif : multiplier par dix la production française, de 100.000 à un million d’unités par an d’ici 2027, pour à la fois supplanter la concurrence asiatique (Mitsubishi, Panasonic, Hitachi ou Daikin) et favoriser la transition écologique. La pompe à chaleur permettant de diviser parfois par cinq la consommation électrique d’un foyer, le secteur était alors en pleine croissance dans l’Hexagone, restant sur deux années de rang de hausses des ventes… Mais depuis, malgré les investissements massifs des industriels du pays, rien ne va plus.

Le groupe Intuis, par exemple, a dépensé quelque 25 millions d’euros en 2023 pour agrandir son site et embaucher, tandis que la demande s’envolait encore, grâce au dispositif MaPrimeRénov’. Mais, quelques mois plus tard, patatras. « Le marché de la pompe à chaleur a diminué de moitié, éclaire, au micro de TF1, dans le reportage du JT de 20H visible en tête de cet article, le directeur des affaires publiques d’Intuis, Éric Baudry. Nous avons dû nous séparer de nos pools d’intérimaires. Et nous avons optimisé l’ensemble de nos achats, faisant en sorte de travailler aujourd’hui en flux tendu. » Nombre de salariés de ces fabricants français se retrouvent aujourd’hui au chômage technique, quand ils n’ont pas migré chez d’autres industriels, comme Airbus.

Le yo-yo administratif de MaPrimeRénov’

Comment expliquer une telle bérézina ? Il y a d’abord la crise du bâtiment : malgré la baisse des taux d’intérêt et le recul de l’inflation, le marché des logements neufs demeurait en retrait de 10% sur un an à la fin septembre. Et si l’on n’accède plus à la propriété, on ne fait plus de travaux pour installer des pompes à chaleur. Il y aussi la baisse du prix du gaz, qui incite à opter pour une chaudière à 4.000 euros plutôt que pour une pompe à chaleur coûtant entre 12.000 et 18.000 euros, nécessitant fatalement d’être fortement subventionné. Or, c’est surtout sur ce dernier point que le bât blesse.

En effet, la procédure pour obtenir les précieuses aides du gouvernement change une à deux fois par an. En début d’année, elles étaient encore conditionnées aux rénovations dites globales des logements, mais depuis le mois de mai dernier, les mono-gestes, comme le seul changement des fenêtres, permettent de nouveau d’y avoir droit… Ce qui a tendance à décourager le consommateur. « Là-dessus vient s’ajouter la complexité des démarches administratives. Nous, ce qu’on appelle de nos vœux, c’est d’arrêter de faire le yo-yo avec les dispositifs d’accompagnement », préconise, auprès de TF1, François Deroche, président de l’AFPAC (Association française pour la pompe à chaleur), qui pointe que l’immense majorité des particuliers doivent à présent se faire aider, par exemple par l’entreprise de construction, pour parvenir à constituer un dossier.

Au point que dès aujourd’hui, la perspective d’un million d’unités françaises produites en 2027 apparaît pour le moins irréaliste. Alors que les usines hexagonales ont divisé par deux, trois ou quatre leurs objectifs de production pour l’année en cours, la France, pourtant premier pays européen en termes de ventes depuis plusieurs années avec 6 millions de pompes à chaleur installées, devrait péniblement en produire 170.000 en 2024. Un authentique fiasco industriel. Et environnemental.


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Christine CHAPEL, Noah AMBROSINO, Jean-François DROUILLET

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