jeudi, décembre 18

La colère est toujours aussi importante dans les rangs des employés du musée du Louvre. Ce mercredi 17 décembre, quelque 400 agents ont « voté à l’unanimité » pour le maintien du préavis de grève, qui a débuté ce lundi.

Si le musée a partiellement rouvert ces portes, le mouvement entre donc dans son troisième jour. Les syndicats ont indiqué protester contre les problèmes de sous-effectif, la dégradation du bâtiment et la hausse des tarifs pour les non-Européens, ont déclaré les syndicats.

Dans une lettre adressée à la ministre française de la Culture, Rachida Dati, les syndicats CGT, CFDT et Sud ont déclaré que « la visite du Louvre est devenue un véritable parcours du combattant » pour les millions de visiteurs. « En parallèle, les personnels souffrent d’une charge de travail sans cesse accrue, d’une gestion RH de plus en plus brutale et d’injonctions contradictoires ne permettant pas une activité de service public sereine », est-il également écrit.

Le musée le plus visité au monde est en « crise », avec des moyens insuffisants et des « conditions de travail de plus en plus dégradées », indiquent également les syndicats dans leur préavis de grève.

Les responsables du ministère de la Culture ont tenu, dès lundi, des discussions de crise avec les syndicats et ont proposé d’annuler une réduction prévue de 6,7 millions de dollars du financement en 2026, d’ouvrir de nouveaux recrutements pour les gardiens de galerie et les services aux visiteurs et d’augmenter la rémunération du personnel. Des mesures jugées insuffisantes pour les syndicats.

Visiteurs dans l’aile Richelieu du musée du Louvre à Paris, 19 novembre 2025 – AP Photo

88 millions d’euros en quelques minutes

Les tensions ont été exacerbées par le cambriolage du 19 octobre, qui « a mis en lumière les défaillances de priorisations pourtant signalées de longue date ». En moins de dix minutes, quatre personnes ont réussi à rentrer dans le musée et dérober huit bijoux, dont le collier de la parure de saphirs de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, composé de huit saphirs et 631 diamants. Un butin estimé à 88 millions d’euros.

Une enquête parlementaire a décrit le vol du 19 octobre comme le résultat d’une série de défaillances en cascade. Une seule des deux caméras couvrant le point d’effraction fonctionnait, et le personnel de sécurité ne disposait pas d’un nombre suffisant d’écrans pour surveiller les images en temps réel.

Lorsque l’alarme a finalement retenti, la police a d’abord été envoyée au mauvais endroit, selon les enquêteurs, un retard qui s’est avéré décisif. « À trente secondes près, les agents de sécurité ou la police auraient pu les intercepter », a déclaré Noël Corbin, qui a dirigé l’enquête.

Des audits réalisés en 2017 et 2019 avaient déjà signalé des vulnérabilités exploitées plus tard lors du cambriolage, mais les correctifs recommandés n’avaient jamais été pleinement mis en œuvre.

Fuite d’eau et fermeture temporaire

Une fuite d’eau survenue le mercredi 26 novembre a endommagé plusieurs centaines d’ouvrages stockées dans la bibliothèque des antiquités égyptiennes du musée. Parmi ces livres se trouvaient des revues et des documents des XIXe et XXe siècles, a indiqué le musée. L’ouverture d’une vanne a provoqué une fuite dans un réseau de canalisations d’eau qui doit être remplacé l’année prochaine, a précisé le musée.

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Le mois dernier, le Louvre a également annoncé la fermeture temporaire des bureaux de certains employés et d’une galerie publique en raison de l’affaiblissement des poutres du plancher.

« Nous sommes dans un musée délabré qui a montré ses faiblesses en matière de sécurité », a déclaré Christian Galani, responsable syndical CGT représentant les travailleurs du Louvre.

« Défaillance institutionnelle »

La présidente du Louvre, Laurence des Cars, doit comparaître ce mercredi devant la commission culturelle du Sénat, alors que les législateurs continuent d’enquêter sur les failles de sécurité du musée.

Elle a reconnu une « défaillance institutionnelle » à la suite du vol, mais elle fait à nouveau l’objet d’une enquête après avoir admis qu’elle n’avait pris connaissance d’un audit de sécurité critique réalisé en 2019 qu’après le vol. La Cour des comptes française et une enquête administrative distincte ont depuis critiqué les retards dans la mise en œuvre d’une refonte de la sécurité promise depuis longtemps.

L’ancien directeur du Louvre de 2013 à 2021, Jean-Luc Martinez, a déclaré cette semaine devant les sénateurs qu’il estimait le plan de sécurité du musée suffisant, sans toutefois assumer de responsabilité personnelle dans les défaillances révélées par le vol. Il a cependant reconnu des retards dans un vaste programme de sécurité de 54 millions d’euros, dont les marchés devaient être « lancés en 2022 ».

Le ministère de la Culture a annoncé le mois dernier des mesures anti-intrusion d’urgence et a chargé Philippe Jost, qui a supervisé la restauration de Notre-Dame, d’aider à réorganiser le musée. Cette décision a été largement considérée comme un signe de pression croissante sur la direction du Louvre.

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