samedi, mai 18

En privé, Véronique Bédague, PDG du groupe immobilier Nexity, répète volontiers que le promoteur a touché le fond, et qu’après « un point bas financier » attendu en 2024, une « réaccélération » se dessine en 2025. Pour autant, face à la violente crise qu’affrontent les secteurs de la construction et de la promotion immobilière depuis 2023, la direction de Nexity a décidé de « redimensionner » le groupe. Après avoir annoncé, en février, qu’elle allait recourir à un plan social, elle en a dévoilé le détail, jeudi 25 avril.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le plan social annoncé chez Nexity, symptôme de la grave crise immobilière en cours

Le leader français de la promotion immobilière, avec une production d’un peu moins de 15 000 logements en 2023, a ainsi annoncé la suppression de près de 500 postes, soit 20 % des effectifs dans son activité de promotion-aménagement et terrains à bâtir, qui intègre aussi les fonctions support de la holding du groupe. Mais compte tenu des départs déjà intervenus, comparativement à 2022, les effectifs de cette activité « auront été réduits au total de 28 % », prévient le groupe dans un communiqué.

Les coûts exceptionnels engendrés par cette réorganisation devraient atteindre quelque 50 millions d’euros en 2024, mais le groupe espère en retirer des économies dès 2025, qui représenteront une réduction de coûts en année pleine de 45 millions d’euros. A ce plan s’ajoutent d’autres mesures « sur les frais généraux et immobilier », soit une réduction totale de la base de coûts attendue à près de 95 millions d’euros en année pleine. Dans ce moment difficile, le groupe a en outre obtenu de ses partenaires bancaires et obligataires d’être délié de ses ratios financiers et ce, jusqu’à la clôture de l’exercice 2024.

Retournement du marché à l’automne 2022

« Ces suppressions de postes s’ajoutent aux ruptures conventionnelles, et aux “licenciements pour insuffisance” qui ont lieu depuis un an. Depuis décembre 2022, on a perdu 400 emplois », précise Emmanuel Brie, délégué syndical CFDT et salarié de la branche promotion et construction. « A présent, les négociations sur les conditions de départ débutent. Elles doivent durer quatre mois. Espérons que le PSE [plan de sauvegarde de l’emploi] est bien dimensionné et que ça n’est pas le début d’une série, car les chiffres du premier trimestre ne sont pas réjouissants ». « Pour les salariés qui restent, il va falloir trouver la motivation. Les augmentations de salaire plafonnent à 1,1 % en moyenne en 2024, et pour l’année écoulée, il n’y a ni intéressement, ni participation. »

Véronique Bédague n’a pas caché les difficultés de la profession depuis le retournement du marché, à l’automne 2022. La hausse brutale des taux d’intérêt décidée par la Banque centrale européenne (BCE) pour enrayer l’envolée de l’inflation, après le début de la guerre en Ukraine, a réduit de manière draconienne le pouvoir d’achat des ménages, qui ont massivement renoncé à se lancer dans un projet immobilier.

Il vous reste 48.2% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version