Le chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Josep Borrell, a qualifié le gouvernement du président vénézuélien, Nicolas Maduro, de « dictatorial » lors d’une interview diffusée dimanche en Espagne. « Au Venezuela, plus de 2 000 personnes ont été détenues arbitrairement après les élections. Le chef de l’opposition a dû s’enfuir. Les partis politiques sont soumis à mille restrictions dans leurs activités », a fait valoir M. Borrell.
« Comment appelez-vous tout cela ? Bien sûr, il s’agit d’un régime dictatorial », a déclaré le plus haut diplomate de l’UE à la chaîne de télévision privée espagnole Telecinco, ajoutant que « le Venezuela a convoqué des élections, mais il n’était pas une démocratie avant et il l’est beaucoup moins après ».
Vingt-sept morts dans des manifestations
Jeudi, le Venezuela a rappelé son ambassadeur à Madrid pour consultations et a convoqué l’envoyé de l’Espagne à Caracas pour des pourparlers après que la ministre de la défense espagnole, Margarita Robles, a qualifié l’administration de Maduro de « dictature » et a salué « les Vénézuéliens qui ont dû quitter leur pays » à cause de son régime. L’Espagne, comme l’ensemble des Etats membres de l’UE, réclame la publication complète des procès-verbaux émis par les bureaux de vote à l’issue de la présidentielle du 28 juillet, ce que les autorités vénézuéliennes n’ont pas fait, disant avoir été victimes d’un piratage informatique.
Le Conseil national électoral (CNE) a proclamé M. Maduro vainqueur du scrutin, avec 52 % des voix. Mais l’opposition assure, sur la base des procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, qu’Edmundo Gonzalez Urrutia, l’adversaire du dirigeant sortant exilé en Espagne, a obtenu plus de 60 % des suffrages. Les mouvements de protestation spontanés consécutifs à la proclamation du résultat du scrutin ont fait 27 morts et 192 blessés dans le pays, tandis que quelque 2 400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.
La France a recommandé dimanche à ses ressortissants de reporter tout voyage vers le Venezuela « sauf raison impérative » en raison d’un « regain de tensions » à la suite de l’élection présidentielle. Ces recommandations interviennent après l’arrestation par les autorités vénézuéliennes de trois Américains, deux Espagnols et un Tchèque, accusés d’être liés à un complot présumé visant à « déstabiliser » le pays.
« Pour les personnes déjà sur place, il est très fortement recommandé de se tenir éloigné de toute manifestation ou rassemblement à caractère politique et de se tenir informé de la situation politique et sécuritaire », ajoute le Centre de crise et de soutien du ministère des affaires étrangères dans un avis aux voyageurs publié dimanche. « De même, il est recommandé de s’abstenir de toute expression sur la situation politique vénézuélienne dans l’espace public », ajoute le texte.