lundi, juillet 8

Bien loin des joutes politiques qui embrasent le ciel de la France en ce début d’été, une information est passée quasiment inaperçue, lundi 1er juillet. L’administration chinoise de l’énergie a déclaré qu’elle allait atteindre dès cette année ses objectifs de 2030 en matière d’énergies renouvelables. Elle ajoutera d’ici à fin 2024 près de 70 gigawatts de capacité éolienne et 190 gigawatts de capacité solaire, soit, en une seule année, près de quatre fois l’équivalent du total du parc nucléaire français (un peu plus de 60 gigawatts).

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La Chine, championne des énergies renouvelables… et accro au charbon

Même en tenant compte de l’intermittence qui limite la production totale, l’effort chinois est spectaculaire et représente les deux tiers des capacités renouvelables installées chaque année dans le monde.

Mais ce n’est que la moitié de l’histoire. Car l’agence américaine Bloomberg nous apprend que la même agence de l’énergie a curieusement renoncé à publier le détail de sa production énergétique pour le mois de mai. Car, selon cette dernière, une bonne partie de cette nouvelle énergie ne peut pas être utilisée, faute de réseau électrique assez solide. Alors on débranche dans la journée des centrales solaires parce qu’elles produisent trop. La raison de cette situation ubuesque est double.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les émissions de CO₂ de la Chine, premier pollueur mondial, sont en baisse

Investir dans l’électrification

D’une part, le gouvernement continue d’installer en masse des panneaux et des éoliennes, pour soutenir l’industrie, en difficulté compte tenu du ralentissement des projets mondiaux. Mais, d’autre part, le réseau n’est pas adapté.

Partout dans le monde, on est en train de se rendre compte que le facteur limitant de la transition énergétique se situe désormais dans l’architecture et la modernisation du réseau électrique. Cela fait les affaires de l’allemand Siemens Energy, l’une des leaders mondiaux de ce domaine. Dans une interview au Financial Times, Tim Holt, le patron de la division réseau, a expliqué qu’il allait devoir embaucher 10 000 personnes d’ici à 2030 pour suivre l’expansion de l’activité et honorer le carnet de commandes.

Investir dans l’électrification et la numérisation du monde, c’est justement la recette préconisée par l’ancien premier ministre italien Mario Draghi dans son rapport sur la restauration de la compétitivité de l’Europe qu’il doit publier cet été. Une opportunité unique qu’il chiffre tout de même à 500 milliards d’euros par an. Il propose un grand emprunt et un engagement puissant du privé. L’enjeu de ce sursaut européen sera au cœur des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), qui s’ouvrent vendredi 5 juillet. A la fois bien loin et tout proche des échéances politiques françaises.

Partager
Exit mobile version