lundi, octobre 21

Danger, duopole dans les airs ! D’un côté Airbus, de l’autre Boeing, et aucun concurrent capable de menacer leur suprématie, à moyen terme du moins. Depuis plus de trente ans, les avionneurs européen et américain se partagent le marché du ciel, où la forte demande d’avions commerciaux leur a ouvert de vastes horizons. Mais quand l’un des deux géants de l’aéronautique flanche, c’est toute la filière qui souffre. Et avec elle, les compagnies aériennes. Les turbulences sans précédent traversées par Boeing – accidents mettant en cause sa fiabilité, grève de cinq semaines, suppression de 17 000 emplois, levée de fonds de 35 milliards de dollars (32 milliards d’euros) – se propagent à tout le monde de l’aviation.

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La concurrence pour gagner les appels d’offres se poursuit, bien sûr, et les salons du Bourget (Seine-Saint-Denis) et de Farnborough (Royaume-Uni), sont tous les ans le lieu d’un décompte de leurs succès respectifs. Mais l’enjeu n’est plus la guerre commerciale, qui a culminé sous la présidence de Donald Trump entre 2016 et 2020, à moins qu’un retour de l’ancien président à la Maison Blanche ne relance les hostilités. Les rétorsions douanières bilatérales et les amendes pour aides d’Etat indues avaient ponctué un conflit de seize ans, le plus long de l’histoire de l’Organisation mondiale du commerce, finalement réglé après l’élection de Joe Biden en 2020.

Non, la question porte désormais sur leurs difficultés industrielles – bien plus graves chez Boeing, qui a renoncé depuis plus de vingt ans à sa culture de sécurité au profit d’une quête effrénée de rentabilité. Même s’il pourrait bénéficier de la protection au titre du chapitre 11, la loi américaine sur les faillites, le géant est « too big to fail » [trop gros pour faire faillite] pour que Washington abandonne cette icône, même ternie, de l’économie américaine. Trop gros pourvoyeurs d’emplois. Trop stratégique par ses contrats avec le Pentagone, auquel le numéro 4 mondial de l’industrie de défense fournit chasseurs, bombardiers, hélicoptères et missiles.

Manque d’avions

Rien d’étonnant à ce que le président exécutif d’Airbus ne se félicite pas des déboires de Boeing. « Ils ne sont pas bons pour l’industrie dans son ensemble, répète Guillaume Faury. Nous sommes dans une industrie où la qualité et la sécurité sont des priorités absolues. » Ces difficultés ont entraîné un manque d’avions sans précédent, qu’il ne peut compenser : les spécialistes estiment à 19 % l’écart entre les commandes et les livraisons, surtout dû à l’avionneur de Seattle. Ce qui retarde l’arrivée d’avions émettant moins de CO2.

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