mercredi, septembre 25

Un million de tonnes de déchets sont abandonnés en France chaque année.
Face à ce fléau, des municipalités ont décidé de dénoncer les contrevenants.
Après Libourne, la ville de Béziers a ainsi choisi de diffuser les images des auteurs captées par la vidéosurveillance.
Mais cette méthode de dénonciation est-elle légale ?

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Le 13H

Tous les matins, pendant une demi-heure, Hascar Fethi, gérant d’une épicerie à Béziers (Hérault) ramasse et jette les déchets entassés autour des poubelles en face de son magasin. Vieux matelas, palettes ou coussins de canapé sont ainsi laissés à l’abandon et forment ce que l’on appelle un dépôt sauvage. « La mairie passe, mais dès le soir ça revient pareil. Ça fait cinq ans que je suis là, et cinq ans que c’est comme ça », se désole ce commerçant.

C’est une atteinte à la vie privée des gens, même si c’est scandaleux ce qu’ils font.

Une habitante de Béziers

Pour tenter d’y remédier, une dizaine de caméras ont été installées pour surveiller ces zones de dépôt. Il y a quelques jours, la ville est même allée plus loin en publiant une vidéo sur les réseaux sociaux où l’on peut voir des individus jeter en plein jour des sacs-poubelle à même le sol ou abandonner des chariots remplis de déchets (elle est visible dans le sujet du 13H en tête de cet article, mais TF1 a décidé de flouter les visages, ce qui n’est pas le cas sur l’original). 

Une initiative qui fait réagir. « C’est dégueulasse. Le droit à l’image, ça existe, mais quand on fait des âneries pareilles, je crois que je serai pour », souligne un retraité. « Si c’est dissuasif, pourquoi pas. C’est une forme de délinquance quand même. Donc si ça peut la réduire ou en tout cas empêcher ces gens-là de faire ça, moi, je trouve ça bien », avance de son côté un père de famille. 

Toutefois, certains habitants ne soutiennent pas cette méthode de dénonciation. « C’est une atteinte à la vie privée des gens, même si c’est scandaleux ce qu’ils font », soutient une riveraine. Tandis qu’une jeune fille assure qu’il faut « préserver l’identité ». « Même si ces gens ne font pas forcément des choses bien, ils ne sont pas floutés, il y a leur voiture », désapprouve-t-elle. 

Un cadre légal très précis

Pour autant, Robert Ménard, le maire de Béziers, persiste et signe et indique que « s’il faut aller plus loin », il « n’hésitera pas demain à donner les noms et les visages des gens et à montrer les numéros d’immatriculation ». Pourra-t-il le faire ? Rien n’est moins sûr, car publier ces images doit se faire dans un cadre légal très précis, selon Me Delphine Maillet, avocate spécialisée en droit pénal et réputation, que le JT de TF1 avait interrogé en mai dernier . Selon elle, les visages des individus doivent notamment être floutés pour ne pas porter atteinte à la vie privée des concernés et respecter la présomption d’innocence.

Béziers n’est pas la seule ville à se servir des réseaux sociaux pour dénoncer les dépôts sauvages. Libourne (Gironde) aussi tente d’épingler les auteurs sur les réseaux sociaux. Tandis qu’en août dernier, le maire de Bessan, Stéphane Pépin-Bonet avait diffusé une publication sur X où il dénonçait le dépôt de kilos de fientes et de pigeons morts dans une vigne. « Je souhaite utiliser X pour tenter de retrouver ceux qui ont commis ce dépôt illégal et inadmissible », avait-il écrit. Il faut dire que les municipalités semblent être à court de solutions face à l’ampleur de la tâche. 

En effet, comme le recense sur son site internet la fédération France Nature Environnement, qui connaît bien le sujet, on compte plus d’un millier de dépôts sauvages dans seulement la moitié de la région. « Beaucoup de canettes. Les photos, on va pouvoir les mettre après sur site de Sentinelles pour pouvoir montrer l’ampleur et l’importance du dépôt », explique Romain Ecorchard, chargé de mission. 

Les citoyens peuvent eux-mêmes signaler les dépôts sauvages afin qu’ils soient nettoyés. Le problème est qu’ils réapparaissent régulièrement. « Il y a aussi un problème d’accessibilité de certaines déchetteries, de certains points de collecte de déchets. Même si on voit qu’ici, ce sont des déchets plutôt urbains. Donc là, c’est un peu compliqué à comprendre. Mais il y a énormément de sensibilisation à faire auprès de la population », poursuit Romain Ecorchard. Les amendes pourraient aussi permettre d’éviter les dépôts sauvages. À Béziers par exemple, c’est 1 500 euros encourus.


V. F Reportage TF1 : Anaïs Lebranchu, Manon Scarzello et Louison Gasnier

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