dimanche, mai 19

Lorsque l’on évoque le nom du président de la République à l’étranger, on décrit plutôt une personnalité optimiste que crépusculaire. Pourtant, sept ans après le discours « Sorbonne I », dans lequel Emmanuel Macron avait vanté sa vision de l’Europe, les médias étrangers se montrent beaucoup plus sévères à l’encontre du président français.

En 2017, un premier discours plutôt remarqué

Petit retour en arrière sur ce que disaient nos homologues dans la foulée de son premier discours, en ce même lieu, il y a presque sept ans : « Macron a fait preuve d’une initiative rare, sinon inédite, dans le chef d’un président français », vantait à l’époque La Libre Belgique. « Un nouvel horizon pour l’Europe », s’était réjoui le quotidien espagnol El Periodico.

Même chez les « sceptiques », on respectait le caractère conquérant du fraîchement élu chef d’Etat français, même si l’on pointait une vision quelque peu utopique : « Peut-être veut-il trop en faire. Et tout en même temps. Mais au moins, il veut quelque chose », concédaient alors nos confrères allemands de Die Welt.

Quant au quotidien progressiste The Guardian, alors même que le Royaume-Uni était en plein processus de sortie de l’UE, le journal avait salué « un discours qui vient à point, avec une vision à long terme », analysant l’impulsion « louable » de l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande.

En 2024, un président « plus soucieux de son héritage »

A l’inverse, le nouveau souffle que semblait représenter l’optimisme affiché d’Emmanuel Macron, est bien redescendu. « Sept ans après son premier discours ambitieux, voire visionnaire, sur l’Europe prononcé à la Sorbonne, le président français voulait à nouveau faire date, mais a dilué sa vision de la construction européenne pour les dix prochaines années dans une dissertation longue, parfois technique, dont on peine par moments à deviner l’audience cible », décrypte La Libre Belgique. « Un discours tentaculaire », ironise outre-Atlantique, le Washington Post, en référence à la longueur du propos. « Au cours de son deuxième mandat à l’Elysée, après avoir traversé des crises sans fin, une pandémie, en pleine guerre sur le continent et une autre de l’autre côté de la Méditerranée, Macron propose une nouvelle version de sa doctrine européenne », décrit quant à lui La Repubblica, journal italien.

Du côté de Die Welt, on parle d’un président français « plus soucieux de son héritage », avec « la peur de perdre de l’importance ». « Contrairement à 2017, Macron n’arrive pas à proposer des concepts originaux pour l’avenir. Il ne peut échapper à la tension entre égoïsme national et solidarité européenne », continue encore le quotidien allemand. « Sept ans après, cette manifestation d’une sobriété européenne avec des teintes de nationalistes apparaît hypertrophiée. Et le président n’a pratiquement pas travaillé sur la démocratisation de l’UE et sur la façon de s’attaquer aux institutions continentales de la communauté », regrette quant à lui, El Periodico.

Derrière ces critiques sur le fond du discours, c’est bel et bien l’expression « Notre Europe est mortelle », qui a retenu l’attention de nos confrères. « Dramatisation volontaire » pour le quotidien suisse Blick, un « avertissement dramatique » pour le journal espagnol, El Pais. Comme si l’incarnation d’une Europe optimiste et tournée vers l’avenir qu’incarnait le chef de l’Etat au moment de sa prise de fonction, était désormais diluée par les nombreuses crises qu’ont traversé le vieux continent ces dernières années.

Outre-Manche, c’est plutôt la phrase sur le plan d’expulsion des demandeurs d’asile au Rwanda du Premier Ministre, Rishi Sunak, qui fait la une des différents médias britanniques : « Macron critique les programmes d’asile à la rwandaise quelques jours après l’adoption du projet de loi par le Royaume-Uni », souligne The Guardian. « Le président français a déclenché une querelle diplomatique majeure après avoir qualifié le projet phare d’immigration de « trahison » des valeurs européennes », évoque de son côté The Sun.

Dès lors, si le message du discours d’Emmanuel Macron était celui de créer l’engouement à l’extérieur des frontières de l’Hexagone, l’exercice n’a visiblement pas atteint son but. Mais était-ce bien là le message que souhaitait véhiculer le chef de l’Etat, lui qui assume clairement vouloir incarner une forme d’ « ambigüité stratégique », endossant la responsabilité du costume de chef de guerre ?

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