C’est la nouvelle sensation télévisuelle. Adolescence, thriller-choc britannique en quatre épisodes dévoilé par Netflix le 13 mars, passionne les abonnés aux quatre coins du globe: avec plus de 24 millions de vues en une semaine de diffusion, le programme arrive en tête des séries les plus regardées de la plateforme dans le monde. Stephen Graham, co-créateur et acteur, s’est confié à CNN sur la genèse de ce succès inattendu.
La série s’ouvre sur l’arrestation de Jamie, un collégien de 13 ans, accusé d’avoir poignardé à mort une camarade. Chaque épisode – tous tournés en plan-séquence, ce qui accentue le sentiment d’immersion – se concentre sur la question suivante: comment l’adolescent s’est-il retrouvé au coeur de cette sordide enquête criminelle? Stephen Graham explique à CNN ce qui a inspiré le programme:
« Deux jeunes garçons avaient poignardé des jeunes filles à mort, à deux extrémités opposées du pays », se souvient-il. « Ça m’avait brisé le coeur. Je m’étais demandé pourquoi. »
« Ce que je m’étais dit, c’est que nous pouvions peut-être envisager que nous étions tous légèrement coupable, d’une façon ou d’une autre. Peut-être que ça venait de l’éducation par les parents, du système scolaire, du gouvernement, de l’environnement des enfants et de la structure sociale dans laquelle ils sont élevés », déclare-t-il.
Les dangers de la culture « incel »
Et de souligner l’impact possible de la toile. Car Adolescence s’attarde sur les dégâts de la culture « incels », contraction d' »involuntary celibate », ou « abstinents involontaires ». Des hommes qui ont peu de succès auprès des femmes et se mettent à nourrir une haine à leur égard, qu’ils déversent dans des contenus auxquels les adolescents ont accès sur internet.
« Internet a une énorme influence sur nos enfants », déplore Stephen Graham. « Jack (Thorne, co-créateur de la série, NDLR) a fait beaucoup de recherches pour ce projet, et ça l’a emmené dans des recoins très sombres. »
« C’est alors que Charlotte, l’assistante de Jack, a découvert cette espèce de culture incel et la ‘manosphère’ (des communautés en ligne qui prônent une vision viriliste de la masculinité, NDLR). Je ne connaissais rien à tout cela. »
L’objectif de cette série est d’encourager les parents à rétablir le contact avec leurs adolescents: « Parlez-vous, c’est le seul moyen pour comprendre ce qui se passe. »
La série intéresse jusqu’aux plus hautes sphères de l’État outre-Manche. Selon le Guardian, la députée travailliste Anneliese Midgley a réclamé que la série soit diffusée au Parlement et dans les écoles. Une idée soutenue par le Premier ministre Keir Starmer, qui a déclaré que les questions soulevées par la série relevaient d’un « problème culturel » qu’il fallait « prendre en mains », selon la BBC. D’après Sky News, les auteurs du programme ont été invités au Parlement.
Article original publié sur BFMTV.com