vendredi, septembre 27

La pratique du covoiturage recule presque partout en France, selon un baromètre de Vinci Autoroutes.
Plus de 8 conducteurs sur 10 continuent de rouler seuls dans leur véhicule.
En cause notamment, une offre de solutions encore trop insuffisante pour inciter les automobilistes à sauter le pas.

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Initiatives environnementales

De l’autosolisme au covoiturage, la route est encore longue. C’est pourtant une pratique qui permet de réduire sa facture d’essence et de limiter son bilan carbone. Mais si l’on en croit le dernier baromètre annuel de Vinci Autoroutes, le taux d’autosolisme, c’est-à-dire de véhicule utilisé par une seule personne, a bondi de 2,9% par rapport à un an plus tôt sur le réseau autoroutier géré par l’entreprise autour des grandes métropoles. La pratique du covoiturage est « à son niveau le plus bas depuis la création du baromètre en 2021« , constate la société d’autoroutes, dans un communiqué. 

Pour fonder son analyse, l’entreprise a observé le nombre de passagers dans 700.000 véhicules aux abords de treize métropoles françaises entre le 3 et le 14 juin 2024. Verdict : alors qu’au printemps 2023, 83,3% des conducteurs (nouvelle fenêtre) roulaient seuls dans leurs véhicules, selon le baromètre, ils étaient 85,7% en 2024. Pour les trajets domicile-travail, le taux d’occupation dans les voitures ne s’élève qu’à 1,22, bien loin de l’objectif de 1,75 d’ici à 2030 qui a été fixé dans le cadre de la stratégie nationale bas-carbone. 

Multiplier le nombre de covoitureurs par trois

Seules deux métropoles voient la part du covoiturage progresser : Bordeaux (+0,9%) et Toulon (+1,4%). Ailleurs, la part du covoiturage baisse partout et en particulier à Tours (-5,3%), Aix-en-Provence (-5,7%), Lyon (-6,6%), en Ile-de-France (-6,9%) et à Biarritz (-8,4%). La région francilienne reste malgré tout une bonne élève, puisque près de 20% des véhicules comptent un ou plusieurs passagers en plus du conducteur, note l’entreprise dans son rapport. À noter que la ville où l’on covoiture le plus est Poitiers (26,6%).

L’observatoire note que le taux de covoiturage est plus faible aux heures de pointe du matin (12,5% en moyenne), en plein pendant les trajets domicile-travail. Paradoxalement, « il tend ensuite à augmenter progressivement au cours de la matinée (…) pour atteindre 20,5% en moyenne à 9h45« , dès lors que le trafic devient plus fluide, constate la société d’autoroutes dans son rapport. Selon cette dernière, « il faudrait que le nombre de covoitureurs soit multiplié par trois » pour atteindre les objectifs (-30% d’émissions de CO2 en 2030 par rapport à 2012). 

Afin d’inciter à la pratique du covoiturage, un plan à hauteur de 150 millions d’euros (nouvelle fenêtre) a été présenté en décembre dernier par les ministères de la Transition écologique, de la Transition énergétique et des Transports. L’objectif, très ambitieux, du « plan covoiturage« , est d’atteindre trois millions de trajets quotidiens à horizon 2027, contre 900.000 actuellement. Ce dernier comprend, entre autres, une prime de 100 euros (nouvelle fenêtre) pour les nouveaux conducteurs qui s’inscrivent sur les plateformes. Des voies réservées au covoiturage (nouvelle fenêtre) se sont également multipliées aux abords des métropoles comme Lille ou Marseille, avec environ 115 kilomètres de voies fin 2023. La ville de Paris envisage pour sa part d’y consacrer une voie de son périphérique.

Les automobilistes du quotidien contraints de prendre leur voiture seuls le matin ne la lâcheront que s’ils ont une alternative claire, facile et à leur avantage.

Guillaume Lapierre, expert en mobilités chez Vinci-Autoroutes

Mais alors, pourquoi ça coince ? « Dans la recharge électrique, il a eu une explosion de l’offre un peu partout et on a vu une forte augmentation de la circulation des véhicules électriques. Pour le covoiturage, on est encore au stade où l’offre de solutions est suffisante« , pointe Guillaume Lapierre, expert en mobilités chez Vinci Autoroutes, qui a dirigé cette étude. « Il y a des solutions qui existent mais en nombre encore insuffisant et pas partout sur le territoire, poursuit-il. Or, les automobilistes du quotidien contraints de prendre leur voiture seuls le matin ne la lâcheront que s’ils ont une alternative claire, facile et à leur avantage. »

Parmi les solutions qui ont fait leurs preuves, le groupe Vinci Autoroutes cite en exemple la création de parkings pour encourager les gens à prendre un transport collectif qui emprunte l’autoroute et amène les gens jusqu’à la gare RER de Massy (Essonne). « On a mis en place des bus avec une connexion Wi-Fi qui ont une fréquence de 5 à 6 minutes en heures de pointe du matin et du soir et qui, sur les derniers kilomètres où c’est congestionné, se voient proposer une voie dédiée. À force de voir des gens passer sur la voie réservée, les gens se convertissent« , souligne Guillaume Pierre.


Matthieu DELACHARLERY

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