jeudi, juillet 4

Par sa décision inattendue de dissoudre l’Assemblée nationale au soir des élections européennes du 9 juin, Emmanuel Macron a officiellement remis en jeu le pouvoir gouvernemental en France. Dimanche 30 juin, lors du premier tour des législatives anticipées, le puissant vote sanction qui s’était exprimé contre lui aux européennes s’est prolongé par une nette défaite d’Ensemble, la coalition qui le soutenait depuis 2017. Largement devancée en suffrages par ses deux principaux adversaires, le Rassemblement national (RN) à droite et le Nouveau Front populaire (NFP) à gauche, la majorité sortante ne sera très probablement que le troisième groupe parlementaire en sièges lors de la prochaine législature. C’est la première leçon de ce premier tour : après cinq ans d’une majorité absolue et deux ans d’une majorité relative en faveur du président de la République à l’Assemblée nationale, les contours du gouvernement qui sera formé à l’issue du second tour ne seront plus les mêmes.

La défaite du camp présidentiel est loin d’être une déroute. Avec 20,8 % des suffrages exprimés en n’étant présent que dans 489 des 577 circonscriptions, il a nettement amélioré ses résultats par rapport aux élections européennes, lors desquelles la liste conduite par Valérie Hayer avait chuté à 14,6 %. Avec une couverture moindre du territoire, le recul par rapport aux législatives de 2022 (25,8 % au premier tour) est de moins de cinq points, alors que le recul entre les européennes de 2019 et de 2024 était de près de huit points. Après sept années aux responsabilités et un rejet devenu viscéral de la personnalité d’Emmanuel Macron dans une partie de l’électorat, cette performance ne doit pas être sous-estimée. Pour autant, avec seulement 320 candidats qualifiés pour le second tour, dont soixante-cinq en première position, en plus de ses deux élus au premier tour, ses perspectives en nombre de sièges restent très limitées.

Noyau électoral

Derrière ce sursaut se cachent des mouvements contraires selon le type de territoire. De manière générale, la majorité macroniste s’est rétablie dans le cœur des grandes agglomérations, où elle a très largement récupéré les pertes qu’elle avait subies vers les listes adjacentes conduites par Raphaël Glucksmann sur son flanc gauche et François-Xavier Bellamy sur son flanc droit, alors qu’elle a confirmé son recul dans le monde rural, où ses pertes s’étaient prioritairement tournées vers la liste menée par Jordan Bardella. Ce recul dans les territoires ruraux a toutefois pu être en partie compensé par l’implantation des candidats : dans les circonscriptions rurales où elle présentait un sortant (ou un ancien député battu en 2022), la majorité s’est redressée par rapport aux européennes, alors qu’elle a encore chuté dans celles où elle n’avait pas de candidat implanté.

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