Coup de tonnerre à l’Assemblée : les députés ont adopté, par 185 voix contre 184, une proposition de résolution du Rassemblement national visant à « dénoncer » l’accord franco-algérien de 1968, avec l’appui des groupes de la Droite républicaine et d’Horizons.
« C’est une journée qu’on peut qualifier d’historique pour le RN », s’est aussitôt félicitée la cheffe des députés d’extrême droite Marine Le Pen, soulignant qu’il s’agissait du premier texte de son parti approuvé par l’Assemblée, en dépit des oppositions de la gauche, de macronistes et du gouvernement. Si ce texte n’est pas contraignant juridique, sa portée symbolique et politique est haute, alors que les tensions sont toujours vives entre Paris et Alger. Cet accord signé en décembre 1968 offre aux Algériens des clauses spécifiques en matière de circulation, d’immigration et de séjour en France.
Les députés RN (122 élus sur 123) et leur allié de l’Union de droites pour la République (15 députés sur 15) ont voté massivement en faveur de ce texte. Sur les 50 élus composant le groupe de la Droite républicaine, 26 d’entre eux ont voté en faveur du texte. Le texte a été soutenu par l’alliance RN-UDR, la moitié du groupe Les Républicains et la moitié du groupe Horizons (17 députés), parti d’Edouard Philippe.
Il a cependant manqué des voix dans tous les groupes, y compris à gauche (52 députés LFI sur 72 ont participé au vote, 53 socialistes sur 69, 32 écologistes sur 38, six députés du groupe communiste et ultramarin sur 17). Douze députés MoDem ont pris part au scrutin (10 contre, deux abstentions) et trois députés Liot sur 22 (deux pour, un contre).
« Ils étaient où les macronistes ? »
Dans la foulée du vote, le PS et les Ecologistes ont critiqué l’absence de Gabriel Attal et de la majorité de ses députés. Sur 92 membres, seuls 30 députés du groupe Ensemble pour la République ont voté contre le texte, tandis que trois se sont abstenus et sept n’ont pas pris part au vote, bien que présent.
« Ils étaient où les macronistes ? Gabriel Attal absent ! A une voix près, Horizons (Edouard Philippe), LR et l’extrême droite votent ensemble la fin de l’accord de 1968 avec l’Algérie », a fustigé le patron des socialistes Olivier Faure sur X, tandis que la chef de file des députés écologistes Cyrielle Chatelain a abondé devant la presse : « Cette voix qui nous a manqué pour faire face au Rassemblement national, c’est celle de Gabriel Attal. »
« Un texte raciste voté grâce à l’absence des macronistes », a ajouté la cheffe des députés « insoumis », Mathilde Panot, sur X. « Honte au RN » qui « continue sans fin les guerres du passé », a grondé également le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon, sur X.
Gabriel Attal a toutefois lui-même appelé à dénoncer l’accord de 1968, en janvier, pour « poser les limites et assumer le rapport de force avec l’Algérie », notamment à l’aune de l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Mais son groupe s’affichait contre le texte du RN. Le macroniste Charles Rodwell, auteur d’un récent rapport accablant contre ce même accord de 1968, avait justifié par avance un refus, au prétexte d’un supposé vide juridique qui risquerait de « provoquer un déferlement migratoire » dans l’Hexagone, analyse dénoncée par le RN.
L’accord, signé six ans après la fin de la guerre d’Algérie (1954-1962), alors que la France avait besoin de bras pour soutenir son économie, permet aux ressortissants algériens d’obtenir un titre de séjour de 10 ans selon une procédure accélérée. Dans le cadre d’un regroupement familial, les membres de la famille reçoivent également un certificat de résidence de 10 ans dès leur arrivée si la personne qu’ils rejoignent possède ce titre.










