jeudi, octobre 3

Israël est accusé de lancer des bombes au phosphore blanc au sud du Liban.
Par le passé, l’armée a déjà reconnu l’usage de phosphore blanc dans la région.
Mais lors des frappes récentes, aucun élément ne permet de le prouver.

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L’info passée au crible des Vérificateurs

Dans le sud du Liban, l’armée israélienne est accusée d’utiliser des projectiles contenant du phosphore blanc, une substance chimique inflammable à l’air libre. « Israël vient de larguer une bombe au phosphore sur le centre de santé de Beyrouth. Les terroristes utilisent désormais des armes chimiques », affirme un compte X (nouvelle fenêtre) connu pour sa désinformation. Cette accusation émane régulièrement en ligne : on la retrouve partagée le 30 septembre (nouvelle fenêtre), au mois de juin (nouvelle fenêtre) ou dès l’automne dernier (nouvelle fenêtre). À l’époque, le sud du Liban était déjà le théâtre d’affrontements entre Israël et le Hezbollah, le mouvement chiite étant allié au Hamas.

Mais le conflit ouvert entre les deux parties s’est aggravé après l’explosion de bipeurs (nouvelle fenêtre) piégés le 17 septembre à Beyrouth, tuant de nombreux membres du Hezbollah. La violence est encore montée d’un cran le 30 septembre, avec quelque 200 missiles tirés par Téhéran (nouvelle fenêtre) vers Israël. Conséquence directe de ce conflit régional, plus d’un millier de Libanais ont été tués au cours des deux dernières semaines dans les frappes israéliennes.

Pas une arme chimique… mais très nocive

Mais que sait-on de l’usage de phosphore blanc au Sud-Liban ? Pour rappel, cette substance chimique est contenue dans des obus d’artillerie, des bombes ou des roquettes et s’utilise pour « éclairer les champs de bataille, générer un écran de fumée et comme agent incendiaire », comme le résume (nouvelle fenêtre) l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Contrairement à ce que l’on peut lire, le phosphore blanc n’est pas considéré stricto sensu comme une arme chimique, mais peut être contraire au droit international « s’il est utilisé, intentionnellement, comme arme incendiaire directement contre des humains dans un cadre civil ». En effet, le contact avec cette substance peut provoquer de graves blessures, potentiellement mortelles. C’est donc bien l’utilisation qui en est faite qui est importante.

S’agissant des récentes frappes au Liban, nous ne disposons pas à ce jour d’élément qui prouverait l’usage de phosphore blanc par Tsahal. Contactée, Amnesty International dit chercher à « vérifier les informations qui circulent, concernant les dernières frappes » mais indique ne pas avoir « constaté de nouvelle utilisation » de cette substance dans le pays. En effet, l’ONG a déjà collecté des preuves (nouvelle fenêtre) de la présence de phosphore blanc dans des obus tirés par l’armée « entre les 10 et 16 octobre 2023 », le long de la frontière sud du Liban. Une utilisation parallèle a été prouvée dans la bande de Gaza (nouvelle fenêtre).

Une utilisation prouvée depuis octobre 2023

Après cela, le Liban a demandé à sa mission auprès de l’ONU de porter plainte contre Israël, disant avoir « détecté 128 incendies résultant des bombardements de l’ennemi israélien au phosphore blanc ». Dans une enquête (nouvelle fenêtre), la BBC est allée plus loin en affirmant que pendant six mois, entre octobre 2023 et mars 2024, du phosphore blanc a bien été utilisé à la frontière, dans quatre villages libanais, dont celui de Dhaïra, près de Tyr. Là-bas, des restes de trois obus d’artillerie, avec des tampons feutres imbibés de phosphore blanc, ont même été retrouvés par un journaliste (nouvelle fenêtre) du Washington Post, quelques semaines plus tard.

Auprès du quotidien, l’armée israélienne admet d’ailleurs l’usage d’obus de phosphore blanc, mais assure que ces derniers sont simplement utilisés pour créer des écrans de fumée, ce qui « est conforme au droit international ». Sollicité, Tsahal n’est pas revenu vers nous pour le moment. Par ailleurs, la documentation la plus récente sur le sujet nous vient d’Human Rights Watch, qui a recensé (nouvelle fenêtre) au moins 17 communes libanaises exposées entre octobre 2023 et juin 2024. Parmi elles, figurent « cinq municipalités où des munitions à explosion aérienne ont été utilisées illégalement au-dessus de zones résidentielles peuplées ». L’ONG évoque également le déplacement d’habitants de plusieurs villages à la frontière, suite à l’usage de phosphore blanc.

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Caroline QUEVRAIN

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