mardi, décembre 16
Jean-Luc Martinez, à Paris, le 10 mars 2016.

L’ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire de deux audits de sûreté alarmants pendant son mandat (2013-2021), a récusé, mardi 16 décembre, avoir négligé « la prévention contre le vol » au sein du musée. « Contrairement à ce que j’ai lu, la culture de la prévention contre le vol n’avait pas disparu », a-t-il déclaré, lors de sa première audition devant la commission des affaires culturelles du Sénat.

Jusqu’à présent, ce haut fonctionnaire a été globalement épargné par la polémique qui éclabousse sa successeure, Laurence des Cars, depuis le cambriolage du 19 octobre, qui a mis à nu le sous-équipement sécuritaire du musée. C’est toutefois pendant sa présidence qu’ont été menés deux audits sécuritaires en 2017 et 2019, dont l’un pointait précisément la « vulnérabilité » du balcon emprunté par les cambrioleurs en octobre.

« Il est extrêmement étonnant, voire sidérant de constater que les failles de sécurité qui ont permis aux malfaiteurs de réussir dans leur entreprise le 19 octobre dernier avaient toutes été identifiées », a affirmé le sénateur Laurent Lafon en lançant l’audition. « Aucune des directions qui se sont succédé n’est exempte de reproche », a-t-il assuré.

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Il se défend de toute négligence

Se disant « meurtri » par le cambriolage, M. Martinez s’est défendu de toute négligence. Il a assuré qu’une « cartographie des risques » avait été établie dès 2014-2015 et rappelé qu’un « schéma directeur de sûreté » avait été lancé au Louvre en 2017-2018, pendant son mandat et dans un contexte sécuritaire tendu marqué par les attentats du 13-Novembre ou le mouvement des « gilets jaunes ». Ce plan prévoyait, selon lui, l’installation d’un PC sécurité centralisé et de caméras périmétriques, dont l’absence a été montrée du doigt après le cambriolage.

Selon l’ancien dirigeant, ces travaux ont toutefois été retardés par la fermeture du Louvre « pendant dix mois » à cause de la pandémie de Covid-19. Il y a eu « une difficulté à mettre en œuvre un certain nombre de dispositions », a déclaré M. Martinez, nommé à la fin de 2021 ambassadeur pour la coopération internationale sur le patrimoine.

Interrogé sur les lacunes de ce plan pointées récemment par sa successeure, M. Martinez s’est là aussi défendu. « Nous pensions que ce schéma directeur de sûreté était suffisant », a-t-il estimé, assurant que sa priorité était que ce plan soit « prêt pour les Jeux olympiques » de 2024 à Paris. Encore aujourd’hui, ce schéma directeur n’a pas encore commencé à être mis en œuvre, selon la Cour des comptes.

M. Martinez a également contesté toute déperdition d’information lors du passage de relais à la fin de 2021 à Laurence des Cars, qui a dit avoir pris connaissance de l’existence d’audits sécuritaires après le cambriolage. « Il y a eu continuité de service entre mon dernier mandat et l’action de Laurence » des Cars, a-t-il assuré. « Mais il faut savoir ce que ça signifie que de transmettre l’historique (…) d’un établissement public riche de 2 300 équivalents temps plein, avec 3 hectares de jardin, 250 000 mètres carrés » de superficie totale.

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Le Monde avec AFP

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