vendredi, mai 3
La présidente de l’Autorité nationale indépendante pour la reconnaissance et la réparation (Inirr) de l’église française, Marie Derain, à Paris, le 24 février 2022.

Voilà maintenant deux ans qu’ils tentent d’accompagner les victimes de violences sexuelles dans l’Eglise. Qu’ils tentent autant que faire se peut d’évaluer le mal fait, à ceux qui n’étaient que des enfants ou des adolescents au moment des faits, par des membres du clergé ou des laïcs en lesquels ils avaient confiance. Qu’ils tentent aussi de réparer par des moyens financiers ou humains cette souffrance. Jeudi 14 mars, l’instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) présentait son bilan annuel, le deuxième après vingt-quatre mois d’existence.

L’organisme a été mis en place début 2022 sur décision de la Conférence des évêques de France (CEF) après la remise du rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) en novembre 2021. Un texte, qui par le nombre de victimes qu’il comptabilisait et par le caractère systémique des violences qu’il décrivait, a provoqué un choc qui a largement dépassé les frontières de l’Eglise de France, et même du pays.

Après 131 décisions rendues en 2022, l’Inirr a traité et finalisé les dossiers de 358 personnes en 2023. Elles sont 1 351 à avoir saisi l’organisme en deux ans, dont 215 entre janvier et décembre 2023. L’Inirr qui pioche dans un fonds mis en place et abondé par la CEF à cet effet, avait rendu 489 décisions fin 2023 impliquant une réparation financière dont le montant moyen s’élevait à un peu plus de 35 000 euros.

Au 31 décembre, 700 personnes étaient accompagnées par l’institution quand les autres étaient encore en attente.

Chiffres dérisoires

Au regard du nombre de victimes estimé par le rapport de la Ciase – 330 000, auxquels s’ajoutent les 200 000 victimes des congrégations religieuses dont s’occupe un autre organisme de réparations –, les chiffres présentés jeudi semblent dérisoires.

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L’Inirr ne peut pas s’autosaisir et doit attendre que les victimes viennent à elle. « Notre enjeu, explique Marie Derain de Vaucresson, présidente de l’instance, est de s’assurer que toutes les personnes qui souhaitent s’adresser à l’Inirr puissent le faire. » Pour autant, précise-t-elle, « il est trop tôt pour engager des campagnes actives ». Même si celles-ci finiront par venir avec le temps, dit-elle.

Car si elle venait à devenir trop importante, la demande ne pourrait plus, du moins à ce stade, être absorbée. « Aujourd’hui, il y a, pour certaines personnes, deux ans d’attente entre le moment de saisine de l’Inirr et le début de l’accompagnement. Sachant qu’il faut impérativement prioriser certaines personnes dans des situations d’urgence », précise Lorraine Angeneau, psychologue, spécialiste du psycho trauma pour l’Inirr.

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