mercredi, décembre 17

Le film s’ouvre sur une série d’images d’archives télévisuelles qui situent l’intrigue dans le temps, mais aussi dans un contexte culturel. Sur ces images défilent les Trapalhões, Chacrinha, Tarcísio Meira et Glória Menezes, on voit aussi [un extrait de la télénovela] Isaura, entre autres icônes [du petit écran brésilien autour des années 1970], puis c’est la première scène, montrant une Coccinelle jaune qui déboule à Recife [la capitale du Pernambouc, dans le Nordeste] en plein carnaval.

La lumière du cinéma de quartier ne s’est pas encore éteinte qu’il est clair pour le spectateur que L’Agent secret est un film brésilien, sur le Brésil – il a par ailleurs remporté les prix de la mise en scène et de l’interprétation masculine à Cannes [en 2025], enchante les festivals étrangers les uns après les autres, et s’annonce en très bonne position pour les prochains Oscars.

Les autres ingrédients brésiliens mis en valeur ne sont pas toujours à l’honneur du pays. Nous sommes dans les années 1970, et la caméra passe souvent, rapidement, devant des portraits du président-dictateur [Ernesto Geisel, au pouvoir de 1974 à 1979] ornementant les murs de quelque édifice public. La police est corrompue, la violence banalisée, et la société charrie toutes sortes de préjugés, qu’ils soient racistes, sexistes, homophobes ou xénophobes.

Plus d’un requin dans ces eaux

C’est dans le décor de ce pays défectueux et merveilleux que le réalisateur Kleber Mendonça Filho a choisi d’inscrire son sixième long-métrage, d’ores et déjà le plus salué de sa carrière. Thriller exceptionnel, L’Agent secret met nos pas dans ceux d’un professeur qui fuit São Paulo pour le Pernambouc, où il va se heurter à une passionnante farandole de personnages et de situations – dont une “jambe poilue” retirée du ventre d’un requin et bientôt érigée en légende urbaine.

Les raisons de sa fuite tardent à être révélées, contrairement à ce qui occupe le cœur du film : la préservation de la mémoire, la quête de la vérité, et la vie face à la paranoïa et à l’oppression, autant de thèmes familiers des œuvres précédentes du réalisateur (Les Bruits de Recife, Aquarius, Bacurau, Portraits fantômes), qui tirent un fil entre Brésil d’hier et Brésil d’aujourd’hui.

[…] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :

Share.
Exit mobile version