lundi, septembre 30

POLITIQUE – C’est une drôle de rentrée pour le Rassemblement national. Une drôle de rentrée politique, mais aussi judiciaire puisque le parti d’extrême droite s’apprête à se retrouver sur le banc des accusés. Huit ans d’enquête, près de 7 millions d’euros en jeu et 27 cadres du parti jugés, dont Marine Le Pen qui risque gros… C’est l’affaire des assistants parlementaires du RN que l’on vous explique dans notre vidéo en tête d’article.

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Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen, Louis Aliot, Wallerand de Saint-Just… Tous sont – ou ont été – des figures du Front national devenu Rassemblement national. Et tous (mais pas Jordan Bardella) sont soupçonnés d’avoir pris part à un vaste système d’emplois fictifs et de détournement de fonds européens au profit de leur parti.

Vingt assistants parlementaires dans le viseur

Tout commence en 2015. Le Rassemblement national publie son organigramme, et Bruxelles s’interroge. À l’époque, vingt assistants parlementaires du Front national au Parlement européen occupent aussi des postes clés au sein du parti à la flamme, à Paris. C’est par exemple le cas de Julien Odoul, conseiller spécial de Marine Le Pen et assistant de l’eurodéputée Mylène Troszczynski entre 2014 et 2016.

« Il faut maintenant vérifier où ils travaillent en réalité, pour le parlement européen ou pour le parti, explique le président du Parlement européen Martin Schulz sur France 3 le 10 mars 2015. On ne peut pas travailler pour le parlement européen et pour un parti ».

Le Parlement réclame des centaines de milliers d’euros de remboursement à cinq députés frontistes, dont Jean-Marie et Marine Le Pen, tandis que l’enquête arrive dans les mains de la justice française avec cette question : Le Front national a-t-il fait des économies sur le dos de l’Europe, via des emplois fictifs d’assistants parlementaires ?

Un préjudice évalué à 6,8 millions d’euros

D’autant qu’à l’époque, les caisses du parti souffrent. En témoigne ce courrier écrit par le trésorier du Front national Wallerand de Saint-Just le 16 juin 2014, découvert par les enquêteurs et révélé par Le Monde. « Dans les années à venir et dans tous les cas de figure, nous ne nous en sortirons que si nous faisons des économies importantes grâce au Parlement européen et si nous obtenons des reversements supplémentaires », peut-on lire. En 2018, le Parlement européen a évalué le préjudice à 6,8 millions d’euros.

En France, Marine Le Pen refuse à plusieurs reprises de se présenter devant les juges, et est finalement mise en examen en 2017 pour détournement de fonds publics.

Au fil des années, le FN, rebaptisé RN, réfute tout emploi fictif. « Ils ont fait de la politique avec leur député. C’est sûr, ils n’ont pas fait le travail pour l’Union européenne ! », s’agace Marine Le Pen sur le plateau de L’Émission politique sur France 2 le 14 mars 2019.

« Un acharnement judiciaire »

Accusés et autres membres du parti crient à la vindicte judiciaire et médiatique depuis le début de l’enquête. « C’est une perquisition médiatique (…) sur une affaire qui est aussi vide que l’espace, c’est le néant, le vide total » s’insurge Florian Philippot encore membre du RN, ce 20 février 2017 sur BFMTV. « Les Français ont compris qu’il y avait un acharnement judiciaire (…) et tout est bon pour nuire à l’intérêt de ces gens-là », dénonce encore le vice-président du RN Louis Aliot, le 2 avril 2024.

La séquence pourrait en tout cas coûter cher au Rassemblement national, aux 27 accusés, mais surtout à Marine Le Pen qui encourt jusqu’à cinq ans d’inéligibilité. Une peine qui pourrait stopper ses ambitions à trois ans de la prochaine élection présidentielle. Mais la leader d’extrême droite espère un jugement comme celui dont a bénéficié François Bayrou dans une affaire semblable.

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