mardi, mai 21

Dans la série Maid, Alex, mère célibataire, s’extirpe douloureusement d’une relation abusive pour offrir une meilleure vie à sa fille, Maddy. Adaptée du livre autobiographique de Stephanie Land, cette série produite par Netflix montre comment la violence économique est une des formes les plus insidieuses, profondes et handicapantes des violences conjugales, du harcèlement moral et de la domination psychologique quotidienne des hommes sur les femmes.

La violence économique est un phénomène massif : en 2021, un quart des femmes appelant le 3919 dénonçait des violences économiques au sein du couple. Selon le sondage de l’IFOP pour Les Glorieuses, plus de quatre Françaises sur dix connaissent au moins une forme de violences économiques conjugales au cours de leur vie. Une femme sur deux ne perçoit plus ou pas de pension alors qu’elle le devrait. De façon générale, le couple hétérosexuel est un lieu d’appauvrissement des femmes : la richesse accumulée des hommes y est de 1,4 fois à 2,4 fois plus élevée que celle des femmes.

Pourtant, la violence économique est aujourd’hui un angle mort de nos politiques publiques. Elle est totalement absente du débat. La violence économique n’est que très peu documentée, donc identifiée : l’homme va contrôler, exploiter, saboter financièrement au quotidien sa conjointe, cela la conduit potentiellement à l’interdiction totale pour elle de travailler et au surendettement.

Un risque de perte totale d’autonomie

La violence économique peut prendre de multiples formes : mainmise administrative, privatisation de ressources, mise en danger de patrimoines communs ou personnels de la femme, dissimulation de patrimoine de l’homme. Elle peut être perpétrée de façon explicite (saisie de paie, interdiction d’accès aux comptes bancaires, empêchement de travailler, confiscation de carte bancaire, refus de payer la pension alimentaire, contraction de dettes) ou insidieuse (contrôle, contrainte, partage déséquilibré des dépenses du foyer).

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Dans tous les cas, les violences économiques ont des conséquences graves sur les femmes, en termes d’appauvrissement et de fragilisation psychologique puisqu’elles peuvent conduire à la perte totale d’autonomie. Les violences économiques et sexistes sont d’ailleurs, de façon générale, inextricables : 99 % des femmes victimes de violences économiques ont subi aussi d’autres formes de violences conjugales. En exposant les femmes à une rupture totale d’autonomie, la violence économique organise l’emprise et rend impossible matériellement pour les femmes de s’en défaire.

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