Marwan Berreni était l’une des figures les plus populaires du feuilleton Plus belle la vie. Un acteur très lié à sa famille installée dans le 20e arrondissement de Paris, entouré de parents aimants, d’un frère cadet artiste, turbulent mais inspirant.
Le 3 août 2023, pourtant, Marwan Berreni disparaît, après une soirée en boîte de nuit. Pendant deux mois, tous les scénarios seront envisagés, jusqu’à la découverte de son corps dans une maison abandonnée de Corcelles-en-beaujolais.
Cette histoire est l’aboutissement d’un long tourbillon familial, que décrypte la journaliste Charlotte Chaffanjon dans son livre Deux frères (Les Arènes).
« Tout commence comme une disparition inquiétante, dans un contexte un peu obscur », raconte la journaliste, dans ‘Affaire suivante’, revenant sur la mort de Marwan Berreni, acteur de « Plus belle la vie depuis » 2009.
« Il y a cet accident de voiture, et ce qui ressemble à un délit de fuite ». L’acteur s’évapore dans la nature. Il va falloir 10 semaines avant de retrouver le corps de Marwan Berreni.
« Marwan, reviens! »
Les parents du jeune homme de 34 ans lancent un appel, une lettre, dans Libération, le 2 octobre 2023.
« Ils préféraient dans un premier temps ne pas être médiatisés. Et puis ils se sont dit ‘pourquoi ne pas tenter de s’adresser à Marwan’ s’il était capable d’entendre leurs mots. Même si, plus le temps passait et plus on en doutait' », évoque Charlotte Chaffanjon.
« Marwan, notre fils, affronte tes peurs. Tu as le droit de pleurer, mais reprends ton chemin, crois en toi, crois en tes rêves, même ceux que tu ne prononces pas », écrivent-ils dans une lettre signée « Pop et Mam ».
« Sache que toutes les tempêtes ne viennent pas forcément gâcher notre vie… Tu es unique, tu es formidable, on aime ton rire, on aime tout sourire. Marwan, simplement, nous t’aimons et croyons en toi! Reviens! On a besoin de toi! ».
Ces mots font écho à la disparition du frère de Marwan, Bilal, 10 ans plus tôt, dans des circonstances dramatiques. « Il n’est pas possible de comprendre la disparition de Marwan Berreni sans remettre l’histoire dans le contexte de cette vie de famille et de la disparition de ce frère, qui est un frère adoré », analyse Charlotte Chaffanjon.
Assassiné à Detroit
« Extrêmement talentueux, Bilal est un street-artiste qui a œuvré chez eux, dans le 20e arrondissement, en Tunisie, pendant la révolution, à la frontière libyenne, en Laponie, aux États-Unis. Il disparaît dans des circonstances obscures et tragiques, puisqu’il est assassiné à Detroit en 2013. »
Le jeune graffeur est abattu d’une balle dans la tête dans un immeuble désaffecté par trois jeunes gens, qui le détroussent. Sans nouvelles de sa part, et ne voyant plus aucun mouvement sur son compte bancaire, sa famille alerte le ministère des Affaires étrangères. Son corps ne sera identifié qu’en mars 2014, à la morgue, huit mois après sa mort. Les trois assassins, âgés de 17 à 20 ans ont été jugés, et condamnés à de longues peines de prison.
Dans son livre, la journaliste reconstitue la vie et le parcours de Marwan Berreni, pour tenter de « donner une cohérence et des clés de compréhension ». Elle a rencontré les parents de Bilal et Marwan, mais aussi des acteurs qui ont côtoyé Marwan sur le tournage de Plus belle la vie, des amis, des proches.
« Mal-être profond »
Si certains ont avancé que l’acteur se serait suicidé, car il n’assumait pas son geste – avoir renversé une femme alors qu’il était ivre au volant de sa voiture – Charlotte Chaffanjon réfute cette analyse.
« Ce n’est pas la raison du suicide de Marwan », assure-t-elle. « Son mal-être est profond depuis longtemps. Il est lié à la quête de ce frère. »
« Tout cela est assez universel », souligne encore la journaliste. « Cela soulève la question du rapport à la famille, de la fraternité, du rapport au deuil aussi, du rapport à la lumière, évidemment ».
Les frères entretiennent un rapport complexe. Tous deux ont une personnalité forte, et sont dans la lumière. C’est ce lien, ainsi que le lien entre les parents et leurs deux fils qu’explore le livre de Charlotte Chaffanjon.
Article original publié sur BFMTV.com
