mardi, mai 21
Le premier ministre canadian, Justin Trudeau, à Ottawa, le 10 avril 2024.

« Sus à la taxe ! » ou, en anglais dans le texte, « Axe the tax ! » (« supprimez la taxe ») : la fronde contre la taxe carbone ne cesse de prendre de l’ampleur au Canada. Cet impôt sur la pollution, instauré par le premier ministre libéral Justin Trudeau en 2019, est l’une des mesures phares de sa politique de lutte contre le réchauffement climatique. Le gouvernement estime qu’elle contribuera à réduire jusqu’à un tiers des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.

Cependant, son augmentation, lundi 1er avril – elle est passée de 65 dollars canadiens (44 euros) à 80 dollars la tonne, soit 17 cents par litre d’essence, et devrait continuer à croître, jusqu’à atteindre 170 dollars en 2030 –, a provoqué une nouvelle poussée de fièvre chez ses opposants. Une offensive facilitée par les propres revirements de Justin Trudeau sur la question. En octobre 2023, il avait ouvert une brèche dans son propre système de taxation de la pollution, en suspendant pour trois ans le paiement pour tous les consommateurs se chauffant au mazout.

Appliquée dans huit des dix provinces canadiennes et deux de ses territoires (les autres disposant de leur propre marché du carbone), cette taxe environnementale est désormais contestée par sept ministres provinciaux. A la manœuvre, les dirigeants conservateurs de l’Ontario, ou encore des provinces pétrolifères et gazières de l’ouest du pays, telles que l’Alberta, qui n’ont jamais cessé de batailler contre le principe même de cette tarification, au motif, selon eux, qu’elle nuirait à l’attractivité de leurs industries. Le 1er janvier, le premier ministre de la Saskatchewan a même décidé unilatéralement d’exempter les consommateurs de gaz naturel et d’électricité de la province du règlement de cet impôt.

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Fin mars, les provinces dites atlantiques, dans l’est du pays, ont, à leur tour, réclamé – en vain – au gouvernement fédéral de renoncer à toute nouvelle hausse, inquiètes de son effet inflationniste sur le porte-monnaie des contribuables. Des arguments repris à l’envi par le principal rival politique de Justin Trudeau, le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, qui caracole en tête des intentions de vote : « Cette taxe pousse la production hors du pays et emmène les Canadiens à avoir faim », lançait-il, le 13 mars, en visite à Terre-Neuve-et-Labrador.

Rassurer les petites et moyennes entreprises

A ce jour, l’offensive est essentiellement politique. Néanmoins, elle s’appuie sur un mécontentement populaire grandissant. Un sondage effectué par l’Institut Angus Reid, rendu public le 25 mars, révélait que 40 % des Canadiens demandaient l’abolition de la taxe. Depuis plusieurs semaines, quelques manifestations de centaines de consommateurs mécontents perturbent la circulation sur plusieurs autoroutes du pays.

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