mercredi, juin 26

La Chine, devenue dès 2010 le premier producteur automobile mondial, a surtout construit sous licence des véhicules de marques étrangères pendant l’ère du moteur thermique. Pour les autorités chinoises, le passage à l’ère du véhicule électrique (VE) doit être l’occasion de réaliser une ambition stratégique : construire une industrie automobile véritablement chinoise, qui impose à son tour ses marques au marché mondial.

Pour ce faire, le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens – qu’ils soient financiers ou réglementaires – et s’est attelé à la construction d’un environnement porteur pour la production de véhicules électriques.

Il l’a fait en amont, en assurant par une courte mais efficace période de protection l’émergence de constructeurs de batteries au cœur des nouveaux véhicules. Les groupes chinois ont ainsi assuré 70 % de la production mondiale de batteries pour VE en 2023.

Coentreprises à majorité chinoise

Et il l’a fait en aval, en assurant la construction d’un réseau de 3 millions de bornes de recharge, soit les deux tiers des bornes publiques installées dans le monde.

Les autorités se sont aussi montrées déterminées à bousculer les constructeurs automobiles nationaux pour qu’ils remplissent la mission qui leur était assignée. Des quotas de production de VE – largement dépassés aujourd’hui – leur ont été imposés. La politique obligeant les constructeurs étrangers à s’associer à des coentreprises à majorité chinoise, qui a protégé les constructeurs chinois pendant trente ans, a été abandonnée dès 2018 pour le segment des VE : il s’agissait de les mettre sous la pression de la concurrence – en l’espèce l’américain Tesla, qui a débarqué à Shanghaï en 2019.

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Dans une Chine habituée à suivre une stratégie nationale, mais moins monolithique qu’on le pense parfois, les mécanismes habituels se sont mis en place. Tandis que les grandes banques publiques finançaient la transition des « majors » du pays vers les VE, les plus prometteuses de la myriade de start-up engagées dans le secteur ont reçu le soutien d’autorités régionales ou municipales désireuses d’en faire leurs « champions » industriels locaux.

Surcapacités

A l’arrivée, 32 % des véhicules construits en Chine en 2023 sont électriques, et 70 % des véhicules électriques produits dans le monde l’ont été en Chine, en majorité sous marque chinoise.

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L’avenir du marché mondial des véhicules électriques est-il pour autant déjà écrit par le rouleau compresseur de la stratégie industrielle chinoise ? Rien n’est moins sûr, car cette stratégie va rencontrer deux obstacles qui pourraient bien la faire déraper.

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