Quelle place la France veut-elle occuper dans la recherche et l’innovation médicale de demain ? Cette question, éminemment stratégique, se joue en ce moment même dans les négociations du budget 2026. Notre pays a longtemps incarné une excellence scientifique et médicale qui faisait sa fierté et contribuait à son rayonnement international. Cette époque s’éloigne désormais dangereusement, tant les promesses non tenues s’accumulent.
La trajectoire financière de la loi de programmation de la recherche de 2020, censée sanctuariser les moyens de nos laboratoires de recherche, n’est pas respectée pour la deuxième année consécutive : près de 2 milliards d’euros cumulés manquent à l’appel. Le projet de budget 2026, en l’état, ne ferait qu’aggraver ce retard, étant donné que les annonces qui y sont inscrites ressemblent davantage à un cautère sur une jambe de bois qu’à l’investissement massif dont la France a besoin.
Le cas de l’Agence nationale de la recherche [ANR] illustre dramatiquement cet abandon progressif. Dans le budget 2026, ses moyens sont déjà amputés de 70 millions d’euros par rapport au budget 2025. Un amendement adopté en commission des finances du Sénat propose d’y retrancher encore 150 millions d’euros.
Oui, les contraintes budgétaires sont réelles. Oui, les arbitrages et négociations sont difficiles. Mais certains investissements ne peuvent être différés sans dommages irréparables. La recherche en santé en fait partie.
Concrètement, que signifient ces coupes ? Ce sont des projets de recherche qui ne seront pas financés cette année, des doctorants, postdoctorants, ingénieurs et techniciens qui ne seront pas recrutés. Les effets négatifs sont déjà tangibles. Une enquête récente du Collège des sociétés savantes académiques de France documente une dégradation alarmante : temps de recherche réduit, moyens en berne, dispositifs instables.
Cette situation est d’autant plus alarmante qu’elle fragilise le cœur même de l’innovation médicale. Car ne nous y trompons pas : l’immense majorité des découvertes qui sauvent des vies naît dans les laboratoires issus de la recherche académique.
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