dimanche, octobre 27

Certains signes ne trompent pas. Surtout s’ils viennent du camp adverse. En août, l’Australie, pays charbonnier, a annoncé le lancement de ce qui doit devenir la plus grande ferme solaire du monde, SunCable. L’Arabie saoudite, temple de l’or noir, fait désormais surgir du désert des projets solaires géants comme celui de Sudair. Au Texas (Etats-Unis), bastion pétrolier et gazier, la multinationale TotalEnergies s’apprête à mettre en service Danish Fields et Cottonwood deux de ses plus grandes centrales solaires.

Que ces régions du monde connues pour leur dépendance aux énergies fossiles se lancent à grande échelle dans cette industrie bas carbone en dit long. Cette ruée ne signifie en rien l’abandon de leur part du charbon, du pétrole ou du gaz, mais plutôt leur volonté de ne pas passer à côté de l’histoire. Ces dix dernières années, l’industrie photovoltaïque a connu une ascension que même les écologistes les plus fervents n’avaient pas imaginée. « Aucune autre source d’électricité n’est passée de 100 TWh [térawattheures] à 1 000 TWh plus rapidement », soulignent dans un rapport les analystes d’Ember, un cabinet de conseil britannique sur l’énergie. Pour atteindre cet objectif, « le solaire et l’éolien n’ont pris que huit et douze ans respectivement, loin devant le gaz (vingt-huit ans), le charbon (trente-deux ans) et l’hydroélectricité (trente-neuf ans) ».

Cette année encore, le monde est en passe d’installer 29 % de capacités (593 GW) en plus qu’en 2023, après une hausse de 87 % en 2022. Ce qui correspond au développement, tous les deux jours, de ce qui était produit sur une seule année vingt ans plus tôt. « Au total, 593 GW installés en 2024 produisent autant d’énergie qu’environ 40 réacteurs nucléaires comme ceux de Flamanville », estime Alain Grandjean, cofondateur et associé du cabinet d’expertise Carbone 4.

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Une vitesse de propagation qui laisse à penser que, d’ici à 2040, comme le prévoit le scénario de neutralité carbone de l’Agence internationale de l’énergie, le solaire pourrait s’imposer comme la première source d’énergie primaire au monde et pas seulement d’électricité. Et pourquoi pas damer le pion à l’or noir. « Aujourd’hui, le pétrole représente 31 % de l’énergie primaire consommée dans le monde. D’ici à 2050, le solaire occupera sans doute une place comparable », estime Philippe Gauthier, analyste des tendances futures chez Coboom à Montréal.

L’expert insiste sur le fait que ces deux industries sont structurées différemment : « Contrairement au pétrole qu’il faut laborieusement aller chercher dans le sol, le solaire, lui, peut être fabriqué en usine. Il est facile à automatiser et à miniaturiser. Comme cela a été le cas dans l’informatique où s’est exercée la loi de Moore qui a prédit une plus grande rapidité, une plus petite taille et un moindre coût des ordinateurs. »

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