En cette fin d’année 2025, quand les Italiens regardent vers la France, ils peuvent se dire qu’enfin les rôles se sont inversés. Associée à une réputation d’instabilité politique, la République italienne est désormais gouvernée par une coalition soudée, emmenée par la dirigeante d’extrême droite Giorgia Meloni. Présidente du conseil forte glissant vers la dérive autoritaire, elle attire, trois ans après son arrivée au pouvoir, des intentions de vote oscillant au-dessus de 30 %. Marqué par des tendances illibérales, son gouvernement est l’un des plus durables qu’ait connus l’Italie, tandis que, de l’autre côté des Alpes, les crises politiques se succèdent.
Le constat est le même sur le plan budgétaire. Alors que, depuis 1980, l’Italie se débat avec une dette colossale (135 % du PIB en 2024) et un déficit public qui a limité la confiance des marchés, le gouvernement Meloni les a réduits à 3,4 % du PIB en 2024. Les agences de notation ont relevé les notes de l’Italie malgré ses faiblesses structurelles, quand Fitch et Standard & Poor’s ont dégradé celles de la France. Enfin, alors que Paris poursuit son retrait en Afrique, Giorgia Meloni s’est lancée dans une ambitieuse entreprise diplomatique en direction du continent. Entre promesses d’aide et prévention des migrations illégales, ce plan tend à s’étoffer.
Cette comparaison flatteuse ouvre un nouveau chapitre dans le face-à-face qui caractérise l’histoire des relations entre les deux pays. Au sud des Alpes, l’existence d’une rivalité entre la France et l’Italie, liée à la domination injuste qu’aurait exercée Paris, est souvent perçue comme une évidence. Dans l’Hexagone, elle est ignorée. De fait, si la majorité des Français apprécient les Italiens, l’inverse n’est pas toujours vrai. Les résultats de l’étude d’opinion Ipsos présentée le 26 novembre lors des Dialogues franco-italiens pour l’Europe organisés à l’université Luiss-Guido-Carli de Rome avec Sciences Po l’ont montré : si 60 % des Français déclarent ressentir de la sympathie pour l’Italie, seuls 30 % des Italiens le leur rendent, avec 20 % d’antipathie déclarée. La faute à la perception d’une certaine arrogance, malgré la proximité culturelle.
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