vendredi, mai 17

La démonstration de force militaire iranienne des 13 et 14 avril fera probablement date dans les conflits du Moyen-Orient. Les ingénieurs iraniens des industries d’armement ont produit en nombre des drones et des missiles performants que l’armée des gardiens de la révolution a envoyés et lancés avec succès vers Israël, par centaines et de façon simultanée.

Cet exploit technologique et militaire était moins une réponse au bombardement du consulat iranien de Damas du 1er avril qu’un message politique pour signifier que la priorité du gouvernement iranien était la défense de la République islamique et de son territoire national.

L’affirmation de cette dynamique nationaliste placerait donc au second plan, mais sans les abolir, les ambitions révolutionnaires et islamistes du régime. Cette nouvelle stratégie, pragmatique, a été élaborée sous la contrainte, pour tenter de répondre aux menaces venant des incessantes révoltes populaires, des sanctions économiques, de la montée en puissance de l’Arabie saoudite, du nouvel activisme de l’organisation Etat islamique et d’Al-Qaida et de la possible internationalisation de la guerre entre Israël et les Palestiniens.

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En démontrant que l’Iran disposait désormais d’une force autonome et efficace de dissuasion ou d’attaque, la République islamique affirme sa volonté d’être reconnue comme un acteur régional puissant qu’il n’est plus possible de marginaliser. L’Iran exige donc de participer pleinement aux discussions et aux négociations sur la sécurité régionale, à commencer par la question palestinienne, en se posant comme défenseur des Palestiniens contre Israël et les pays arabes alignés sur les Occidentaux. La solution durable de ce conflit chargé de symboles est pour l’Iran un préalable nécessaire à toute normalisation des relations entre Etats de la région, notamment entre l’Iran et l’Arabie saoudite.

Négocier sur un pied d’égalité

En lançant leur attaque depuis le territoire national iranien, sans user de leurs alliés non étatiques – leurs « proxys », comme le Hamas, les houthistes et surtout le Hezbollah –, les gardiens de la révolution ont signifié clairement que la sécurité de l’Etat iranien passait désormais avant les combats à forte dimension idéologique contre Israël ou contre l’Arabie saoudite et leurs alliés occidentaux. L’Iran conservait en outre intactes les fortes capacités militaires et politiques du Hezbollah en cas de besoin.

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En informant à l’avance les Etats-Unis pour éviter que sa démonstration militaire ne fasse trop de dégâts ou de victimes pouvant donner prétexte à une riposte israélienne massive et à une internationalisation aux conséquences certaines désastreuses, l’Iran a ouvert la possibilité de négocier, mais sur un pied d’égalité.

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