samedi, novembre 30

Le secteur viticole s’apprête à enregistrer son plus faible niveau de production depuis 1961.
C’est en grande partie à cause de la crise climatique qui a bouleversé les récoltes partout dans le monde.
En Europe, la France est le pays le plus touché, avec une baisse de 23%, cédant son leadership à l’Italie.

C’est l’une des conséquences moins visibles de la crise climatique qui frappe la planète toute entière. Sécheresse , gel tardif, pluies continues… Selon l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), la production mondiale de vin devrait tomber en 2024 à son plus bas niveau depuis 1961, sous l’effet des intempéries qui ont frappé l’hémisphère Sud comme le Nord.

La récolte globale est attendue entre 227 et 235 millions d’hectolitres, indiquent ces projections basées sur les vendanges de 29 pays, représentant 85% de la production l’an dernier. Avec une projection moyenne de 231 millions d’hectolitres, elle s’annonce encore en repli de 2% par rapport à la mauvaise année 2023 et à 13% en deçà de la moyenne des dix précédentes années.

La plus faible récolte du siècle en Europe ?

En Europe, seuls le Portugal et la Hongrie devraient se maintenir à des niveaux proches de leur moyenne. Pour le reste, la récolte européenne tombe à 11%, sous la moyenne des cinq dernières années. « Si elle se confirmait, ce serait la plus faible de ce siècle« , a souligné vendredi Giorgio Delgrosso, le responsable de la division statistiques de l’OIV.

L’Italie, qui avec 41 millions d’hectolitres fait mieux que ses très faibles volumes de 2023, retrouve la place de première productrice mondiale. La France, affectée par les précipitations et les maladies, a en revanche connu en 2024 le déclin le plus marqué d’une année à l’autre parmi tous ces pays (-23%, à 36,9 millions d’hectolitres). L’Espagne est à la troisième place, avec un bilan un peu amélioré en un an. Les États-Unis occupent la quatrième place.

Des habitudes de consommation qui changent

Dans l’hémisphère Sud, où les vendanges se sont terminées en avril-mai, les volumes sont les plus faibles depuis deux décennies, là encore du fait des conditions climatiques . Précédemment, ces régions tendaient à contrebalancer le bilan général quand l’hémisphère Nord souffrait, souligne le directeur de l’OIV, le néo-zélandais John Barker.

« Les impacts du changement climatique s’accumulent, et se préoccuper du climat et de la durabilité est crucial pour l’avenir« , insiste-t-il, constatant aussi que les vendanges de l’année , quoi que réduites, sont « de qualité« . Mais le climat n’est pas le seul danger pour le secteur. « Comprendre les changements de comportements des consommateurs et la position du vin dans la société est un autre défi« , selon John Barker.

Sur le premier semestre 2024, la consommation mondiale de vin a encore décliné, affectée par des changements profonds dans les préférences des consommateurs. Une évolution de -3,9% en volume sur un an et de -20,1% par rapport au premier semestre 2019, indique l’institut International Wine and Spirit Research. Ce dernier révèle que le prosecco a été la seule catégorie à croître les six premiers mois de cette année (+5%), du fait notamment de son accessibilité. Dans le même temps, le champagne chutait de 8,6%.


Jérôme VERMELIN

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