dimanche, janvier 12

Depuis 2011, des milliers de détenus y sont morts, torturés ou exécutés lors de séances de pendaisons de masse nocturnes.

Bâti sur une colline, à 30 kilomètres de Damas, l’établissement carcéral de
Saydnaya aura insufflé la terreur à des générations de Syriens : un lieu de damnation où les hommes ne
sont « ni vivant[s] ni mort[s] », selon les mots du poète Faraj
Bayrakdar, arrêté pour « activités communistes » et qui survécut à quatorze années de détention dans
diverses prisons du pays.

Les arrestations sommaires, les disparitions forcées et la torture systématique
infligée aux prisonniers – hommes, femmes et enfants – furent les instruments de la férule du régime
Al-Assad, depuis le coup d’Etat qui marqua son arrivée au pouvoir, en 1970. Parmi les 27 centres
carcéraux principaux que comptait la Syrie, celui de Saydnaya possédait un statut particulier.

Construit par Hafez Al-Assad (1930-2000), en 1987, pour y contenir
5 000 personnes, il en a enfermé jusqu’à 20 000 en même temps à partir du soulèvement
populaire de 2011 dirigé contre son fils, Bachar Al-Assad. Sous le règne de ce dernier, Saydnaya est
devenu, plus qu’une prison, un camp d’extermination.

Le complexe a été ouvert par les forces armées rebelles qui ont pris le pouvoir le
8 décembre 2024.

Deux murs d’enceinte, dotés de miradors, en barricadent l’entrée. Le premier, à
l’extérieur, est garni de mines antichar, le second, de mines antipersonnel. Il s’agissait non seulement de
contrer d’éventuelles attaques lancées de l’extérieur par l’opposition armée, mais aussi d’anéantir toute
tentative d’évasion de l’intérieur. Après 2011, ce dispositif a été renforcé par un 2S1 Gvozdika, un
canon automoteur d’artillerie soviétique. L’unique passage s’effectuait par un portail contrôlé par des
soldats armés.


A l’intérieur du complexe, d’une surface de 1,4 kilomètre carré, une douzaine de véhicules
blindés patrouillaient entre plusieurs bâtiments, dont deux lieux de détention distincts.


Le principal, dit « bâtiment rouge », en forme de Y,
comprend trois ailes de taille identique. Il était réservé aux civils ayant « confessé » un crime ou
considérés comme des « ennemis » du peuple syrien : islamistes, frères musulmans, communistes,
nassériens, opposants kurdes, journalistes, ou citoyens ordinaires victimes de la délation d’un voisin ou d’un
rival. Sans compter ceux qui furent arrêtés pour faire pression sur un parent. A la fin de mars 2011,
260 islamistes en furent extraits par le régime. Une autre libération de djihadistes eut lieu en
juin 2011. A cette date, la plupart des détenus sont des manifestants, opposants ou supposés comme tels.


Le second, dit « bâtiment blanc », en
forme de L et de construction plus récente, était destiné aux militaires suspectés de déloyauté. A partir
de 2011, il est utilisé pour y enfermer d’autres civils. Il renferme aussi la salle des exécutions. Des
images satellitaires déclassifiées par Washington, en 2017, appuyées par les témoignages de survivants, y
évoquent la présence d’un crématorium. Jusqu’à présent, son existence n’a pas été confirmée.

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