vendredi, mai 17

En 2020, le coefficient de Gini mondial, qui mesure l’inégalité entre les habitants de la planète sur une échelle allant de zéro (égalité parfaite) à 100 (un individu détient toutes les ressources), était de 62,6. Alors que les projections suggéraient la poursuite de la tendance à la baisse enregistrée depuis 1990, quand le coefficient était à 70, nous avons assisté en 2020 à la plus forte augmentation de l’inégalité mondiale depuis 1990 : + 0,6 en une seule année. Les données les plus récentes de la plate-forme Pauvreté et Inégalité de la Banque mondiale montrent que la pandémie de Covid-19 a provoqué la plus forte augmentation de l’extrême pauvreté mondiale depuis des décennies, 23 millions de personnes supplémentaires en 2022 par rapport à 2019.

Les crises de plus en plus fréquentes et simultanées dans les domaines économique, politique, environnemental, religieux et social ont conduit à forger le terme de « polycrise ». Cette polycrise menace la cohésion sociale et les institutions démocratiques. Les interventions de l’Etat et la coopération internationale n’ont pas réussi à y répondre efficacement. La confiance envers les gouvernements est en déclin : moins de la moitié de la population des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques fait confiance à ses gouvernements, tandis qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes, seul un tiers de sa population lui fait confiance.

Cette perte de confiance reflète une crise des institutions qui diminue notre capacité à prendre des mesures collectives autour d’objectifs communs. Or, les pays ont besoin de mettre en œuvre des solutions durables, basées sur des réponses durables. La crise de confiance peut toutefois être inversée en s’accordant sur des approches et en convenant d’actions qui aident à définir des trajectoires et à résoudre des problèmes structurels.

Mesurer le travail non rémunéré

Pour commencer, nous devons définir la prospérité que nous souhaitons.

Pour mesurer notre progrès, nous nous sommes jusqu’à récemment presque exclusivement concentrés sur le produit intérieur brut (PIB), ou le PIB par habitant. La recherche permanente du profit nous a conduits à confondre les moyens et les fins. Nous devons mesurer plus précisément ce que nous valorisons afin de pouvoir effectuer les transformations nécessaires. Nous ne pouvons pas changer ce que nous ne pouvons pas voir, et nous ne pouvons pas voir ce que nous ne mesurons pas.

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L’un des principaux déterminants de la qualité de vie qu’une personne peut atteindre réside dans les « capabilités » qu’elle est capable de mobiliser, comme l’a suggéré le Prix Nobel d’économie Amartya Sen. Cette approche décrit les ressources et les moyens mis en œuvre par les individus et les collectivités pour atteindre le bien-être. La plupart des capabilités se forment pendant la petite enfance et les familles jouent un rôle crucial dans leur production.

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