Lauréat du prix Nobel de littérature, Mario Vargas Llosa nourissait également une grande passion pour la politique. Après avoir soutenu la révolution cubaine dans sa jeunesse, il se présenta à la présidentielle péruvienne de 1990 en tant que candidat de la droite, mais échoua.
Dès l’adolescence, l’écrivain décédé dimanche à Lima à l’âge de 89 ans, fut plongé dans la réalité politique. Dans son livre autobiographique « L’appel de la tribu » (2018), il raconte ainsi avoir découvert la politique à l’âge de 12 ans quand le général Manuel Odría renversa le président José Luis Bustamante y Rivero, qui était son oncle maternel.
« Je pense qu’une des grandes passions de Vargas Llosa était la politique. Il vient d’une famille où ce sujet était présent très tôt », souligne auprès de l’AFP Pedro Cateriano, ancien Premier ministre péruvien avec qui l’écrivain a partagé une longue amitié.
Selon celui qui fut également son biographe, Vargas Llosa s’est engagé dès ses années d’étudiant, dans les années 1950, en faveur des causes sociales et du mouvement communiste.
Séduit un temps par Fidel Castro, il rompt toutefois avec la révolution cubaine en 1971.
Vargas Llosa « s’est éloigné des idées de gauche et de la révolution cubaine avec le fameux cas du poète Heberto Padilla », emprisonné cette année-là et contraint à une « autocritique » pour avoir critiqué le régime cubain.
« Découvrir que la démocratie n’était pas ce que nous pensions et ce qu’en disait la gauche communiste » fut « très difficile », évoque Vargas Llosa dans « L’Appel de la tribu ».
– Leader de droite –
C’est dans les années 1980, que Vargas Llosa s’impose au Pérou comme le porte-voix des idées libérales.
Face aux tentatives du gouvernement social-démocrate du président Alan García de nationaliser le système bancaire, il mène en 1987 les manifestations contre cette mesure, marquant ainsi le début de sa carrière politique.
Cette même année, il fonde le parti Mouvement Liberté et, en 1990, se présente à l’élection présidentielle sous l’étiquette du Front démocratique. Bien qu’il est le grand favori du scrutin, il perd face à un ingénieur agronome alors presque inconnu, Alberto Fujimori.
Après sa défaite, il s’installe à Madrid et poursuit son travail littéraire, tout en restant attentif à la politique péruvienne et internationale.
« Vargas Llosa a perdu sur le plan électoral, mais il a triomphé sur le terrain politique et des idées. Sa campagne n’a pas seulement été pédagogique, il faut le dire clairement : elle a été courageuse et audacieuse », affirme M. Cateriano.
Vargas Llosa a sans relâche critiqué les dictatures et gouvernements qu’il considérait comme autoritaires, les remettant en question à travers des articles de presse et des déclarations publiques.
Il s’était notamment attaqué ces dernières années au populisme, qu’il avait qualifié de « maladie de la démocratie », en y englobant aussi bien le chavisme et le castrisme que l’extrême droite, la gauche radicale européenne ou le nationalisme indépendantiste catalan.
« S’il y a quelque chose à retenir de Vargas Llosa, c’est précisément son action politique, et en ce sens, il a apporté énormément au Pérou et à l’Amérique latine », souligne son biographe.
« Après sa défaite électorale, Vargas Llosa n’a pas seulement obtenu le prix Nobel. Il a été reçu à l’Académie Française, une reconnaissance dont je pense qu’il rêvait vraiment », conclut-il.
cm/ljc/sf/sba