lundi, décembre 15

Caroline Ibos est professeure de sociologie et d’études de genre à l’université Paris-VIII-Vincennes-Saint-Denis, chercheuse au Sophiapol, et travaille notamment sur les éthiques du care (le soin, en anglais, au sens non médicalisé du mot) et les domesticités. Elle a publié, avec Eric Fassin, La Savante et le Politique. Ce que le féminisme fait aux sciences sociales (PUF, 328 pages, 20 euros).

Votre livre se présente comme une réponse aux attaques visant la recherche scientifique, en particulier les sciences humaines et sociales. Comment expliquez-vous cette virulence ?

Ces attaques sont en effet massives, de la part de forces politiques qui revendiquent une lecture biologisante du monde : les milliardaires y sont vus comme des génies qui méritent leur fortune, les pauvres comme des faibles, nés pour être pauvres, les femmes sont définies par leur « nature », légitimant un ordre social qui les renvoie à la maison…

Les sciences sociales viennent déranger cet ordre établi, parce qu’elles portent un regard critique qui interroge, justement, ce qui semble si évident. En dénaturalisant les rapports sociaux et les inégalités, elles déstabilisent les discours d’autorité. Il faut donc les faire taire.

Aux Etats-Unis, l’offensive a d’abord été dirigée contre les sciences sociales, avant de cibler aussi celles du climat ou la microbiologie et même les vaccins… En Europe, les études de genre sont attaquées depuis longtemps dans des pays comme la Hongrie. En France, l’intervention de la ministre Frédérique Vidal réclamant, en 2021, une enquête sur certains champs d’études critiques a marqué les esprits.

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