mardi, octobre 22

Une nouvelle étude publiée lundi révèle que la mortalité infantile a fortement augmenté aux États-Unis.
Cette tendance est notamment liée à la hausse des anomalies congénitales après la révocation par la Cour suprême de la garantie fédérale du droit à l’avortement.

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Le droit à l’avortement menacé comme jamais aux États-Unis

Au-delà d’être question sociétale, c’est un enjeu sanitaire. En révoquant l’arrêt Roe v. Wade en juin 2022 , la Cour suprême américaine a fait voler en éclat la protection fédérale du droit à l’avortement aux États-Unis, redonnant de facto toute latitude aux États pour légiférer. Or, selon une étude menée par des chercheurs de l’Université de l’Ohio et publiée lundi 21 octobre dans le journal JAMA Pediatrics , la mortalité infantile s’est envolée dans le pays depuis cette décision. 

Dans les mois qui l’ont suivi, « la mortalité infantile aux États-Unis a été plus élevée que ce à quoi nous nous attendions », les chiffres à l’échelle nationale étant habituellement plutôt stables avec des pics et des creux liés à des effets saisonniers prévisibles, indique Maria Gallo, professeure d’épidémiologie spécialiste de la santé reproductive et l’une des co-autrices.

Avant la décision, il aurait été possible d’avorter plutôt que de mener la grossesse à terme et de devoir assister à la mort de son enfant

Maria Gallo

En octobre 2022, en mars 2023 et en avril 2023, les taux de mortalité infantile étaient 7% plus élevés qu’habituellement à l’échelle nationale. Cette hausse s’est traduite par 247 morts supplémentaires pour chacun de ces mois, la majorité d’entre elles étant attribuées à des anomalies congénitales. « Ce sont des cas dans lesquels, avant la décision de la Cour suprême , il aurait été possible d’avorter plutôt que de mener la grossesse à terme et de devoir assister à la mort de son enfant », pointe Maria Gallo.

À noter que ces recherches se basent sur l’analyse d’une base de données nationale. La prochaine étape pour les scientifiques sera d’établir si cette hausse a été observée dans tous les États ou si elle s’est concentrée dans les États qui ont restreint l’accès à l’IVG (au moins 20 d’entre eux ont pris de telles mesures (nouvelle fenêtre)). Quoi qu’il en soit, ces résultats rejoignent ceux d’études publiées plus tôt cette année sur le seul État du Texas, où l’avortement est désormais interdit, y compris en cas d’inceste ou de viol. 

Dorénavant, il y a « un bilan humain plus large à prendre en compte », souligne Parvati Singh, l’autre autrice, également professeure d’épidémiologie. Pour cela, il sera nécessaire d’inclure « les conséquences sur la santé mentale de se voir refuser un avortement ou d’être forcé à mener à terme une grossesse quand le fœtus présente une anomalie congénitale mortelle », indique-t-elle.

Ces travaux, qui permettent d’esquisser de premières tendances, sont d’autant plus importants que la question de l’avortement occupe une place importante dans la campagne présidentielle américaine, à quinze jours du scrutin aux États-Unis. 


M.G avec AFP

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